"Le cinquième témoin " de Michael Connelly (The Fifth Witness)


Le cinquième témoin  (The Fifth Witness)
Auteur : Michael Connelly
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin
Éditions : Calmann-Lévy (2 mai 2013)
ISBN : 978-2702141540
478 pages

Quatrième de couverture

Abandonnée par son mari, Lisa Trammel n’a soudain plus assez d’argent pour payer ses mensualités d’emprunt immobilier, et la Westland National Bank menace de saisir sa maison. Affolée, elle engage l’avocat Mickey Haller, mais elle est si révoltée par l’épidémie de saisies liée à la crise des subprimes qu’elle manifeste souvent et violemment devant la banque au point de s’en voir interdire l’accès par la justice.
Malheureusement pour Haller qui espérait gagner du temps en faisant traîner la procédure, le dossier se corse quand sa cliente est soudain accusée du meurtre de Mitchell Bondurant, un cadre dirigeant de la Westland retrouvé mort dans le parking de son agence.

Mon avis

Retrouver l’écriture de Michael Connelly est toujours un plaisir pour moi, cela ne peut pas vraiment être mauvais. J’ai un faible pour ses histoires, ses héros. Bon, je l’avoue, je préfère Harry Bosh à son demi-frère Mickey Haller, mais je commence à m’habituer au second et il deviendra peut-être, lui, aussi, au fil du temps, « un vieux pote ».

Lorsqu’on est avec Haller, on sait que ce sera moins noir, que le personnage sera moins torturé et l’ensemble sans doute plus détendant. Par contre, on est plus dans le roman judiciaire que dans le policier. L’essentiel de l’intrigue tourne autour de la justice américaine et de son cinquième amendement entre autres et une grande part de l’intérêt réside dans la façon dont on va être amené au procès puis le suivi des échanges lors de celui-ci.

Cette fois-ci, le romancier prend son temps pour installer décor, ambiance et personnages. Nous ne sombrons pas tête première, yeux ébahis dans les débats entre la défense et l’accusation ainsi que l’écoute des témoins. Non, l’auteur situe son intrigue dans cette crise économique des subprimes qui a provoqué de gros problèmes financiers aux Etats-Unis entre 2007 et 2011. En quelques mots, un subprime est un prêt immobilier concédé par une banque pour un client dont personne n’aurait imaginé qu’il puisse acheter. Mais ce sont des prêts à taux variable et la garantie est le logement lui-même…Vous avez compris… D’ailleurs Mickey Haller va expliquer ce dont il retourne à sa fille (une jeune adolescente) et c’est parfait pour le lecteur : idées claires, vocabulaire simple et adapté, j’ai tout compris de ce problème. Ce qui m’a permis « d’épouser » la colère et le désarroi de Lisa Trammel.
Bien que cette femme nous échappe un peu, on se surprend à la plaindre. Parfois, on s’interroge…. Qui est-elle vraiment ? N’est-elle pas en train de manipuler les médias, le lecteur, son défenseur ? C’est un personnage intéressant car il est difficile de la cerner et cette ambivalence a un certain « charme ».

Une fois le « paysage » mis en place avec cette atmosphère typiquement américaine, on peut assister au procès et (re)découvrir cette justice qui commence à nous être familière malgré sa complexité. Les uns et les autres vont se succéder à la barre avec les pauses inévitables, les discussions, les « coups en douce », les retournements de situation, les surprises concoctées par les uns ou les autres. Et là, je trouve que l’auteur est très fort. Ce n’est pas rébarbatif, ni lassant mais captivant. Les dialogues sont décortiqués, expliquant les événements, analysant les faits et gestes, reprenant ce qui peut être considéré comme acquis pour mettre le doute et éventuellement retourner les certitudes. C’est comme un grand jeu de logique dans lequel le lecteur essaie de repérer la vérité, de se faire son opinion.

Bien sûr, tout va s’accélérer sur la fin et si je peux me permettre de faire un petit reproche à Monsieur Connelly, c’est qu’il ne faudrait pas qu’il tombe dans le roman manquant de profondeur. Je comprends très bien qu’Harry Bosh est un homme où l’esprit prend parfois le dessus sur l’action tant il est torturé et se pose des questions mais il ne faudrait pas que Mickey Haller soit carrément l’opposé et oublie de se questionner, d’aller plus loin (en dehors de son boulot où il se donne à fond) à moins que ce soit volontaire. Mickey « bouffé » par son boulot passe à côté de tout le reste car il ne touche plus terre ??

Toujours est-il que cet opus est un bon roman, captivant par le sujet traité dont il donne une bonne approche mais aussi pour nous montrer comment les différentes interprétations d’une même situation peuvent amener des conclusions différentes….

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