Lune noire (Yellow Medicine)
Auteur : Anthony Neil Smith
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Fabrice Pointeau
Éditions : Sonatine (21 Mars 2019)
ISBN : 978-2355847332
320 pages
Quatrième de couverture
Une vision toute particulière de la justice et de la morale
a valu à Billy Lafitte d'être viré de la police du Mississippi. Il végète
aujourd'hui comme shérif adjoint dans les plaines sibériennes du Minnesota,
avec l'alcool et les filles du coin pour lui tenir compagnie, les laboratoires
clandestins de meth pour occuper ses journées.
Mon avis
Dès les premières lignes, on sait où est Billy : en
prison alors qu’il est shérif adjoint… Comment a-t-il pu arriver là et surtout
pourquoi ?
On repart alors en arrière pour comprendre. Que s’est-il passé trois semaines auparavant ?
On repart alors en arrière pour comprendre. Que s’est-il passé trois semaines auparavant ?
Billy Lafitte travaillait dans le Mississippi mais il a été
renvoyé et muté dans un coin perdu du Minnesota où il a été nommé adjoint de
Graham, son beau-frère. Peut-être une façon de le surveiller, de l’avoir à l’œil
afin qu’il ne dérive plus et qu’il reste dans le droit chemin ?
Car, effectivement, il faut bien l’avouer, Billy a une fâcheuse
tendance à flirter, avec les filles bien sûr, mais aussi avec la ligne jaune,
celle qu’il ne faut pas franchir au risque d’être hors la loi alors qu’il est
censé la défendre…. N’ayant pas peur des mots, Billy a un grand cœur mais il ne
sait pas se tenir. Alors l’alcool, le sexe, les magouilles (pour la bonne cause
ou presque ; -) ne lui font pas peur… Et forcément, un jour ou l’autre il
faut payer quand on triche, qu’on ruse et qu’on détourne un peu d’argent et les
règles d’usage ….
Sauf que Billy se retrouve entraîné dans bien plus que ce qu’on
pourrait appeler une mise au point. Une
amie lui demande de l’aide. Je vous l’ai dit, c’est un homme foncièrement bon
malgré son côté « électron libre », alors il dit oui. Et là, rien ne
va se passer comme prévu. Dire qu’il les accumule serait un euphémisme. Tout,
absolument tout lui tombe dessus. Parfois, par manque de discernement de sa
part, d’autres fois parce que les concours de circonstances ne lui sont pas favorables…..
Et lorsqu’il essaie de s’en sortir, de rebondir, de la jouer fine pour arrêter
tout ça, paf, un retour de bâton et il retombe dans les ennuis et le voilà derrière
les barreaux…
Un peu macho, un peu hâbleur, un peu menteur, un peu
exaspérant, on pourrait croire que ce personnage va nous révulser, nous
dégoûter, nous donner envie de lui mettre des gifles… Et bien, pas vraiment, là
où Anthony Neil Smith est vraiment fort, c’est qu’il rend son « héros »
attachant. Pourquoi ? Sans doute que, malgré tous ses défauts, tous ses
travers, Billy démontre qu’il peut se donner à fond pour aider ceux qu’il apprécie,
qui compte pour lui, quitte à risquer sa vie.
L’atmosphère est grave, quelques fois presque désespérée,
dans une région d’Amérique où certains hommes semblent sans avenir, sans envie
pour un futur qui leur paraît noir alors que les femmes jouent les seconds rôles.
Le contexte est dur, difficile, très « masculin ».
Le récit est écrit à la première personne, c’est Billy qui
parle et qui dit « je ». L’écriture
est âpre, sèche, de temps à autre teintée d’humour (noir…), comme si Billy se
moquait de lui-même, en faisant de l’autodérision. La traduction est très bonne
mais Fabrice Pointeau est une « pointure ». Il y a du rythme, de l’action,
du sang, des morts, ça bouge sans arrêt, avec plein d’individus en embuscade. L’intrigue
est « travaillée », complexe, mais pas compliquée. Les protagonistes
sont intéressants qu’ils soient en première ligne ou pas. Un ensemble équilibré
mais noir, rugueux…
J’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture qui sort de l’ordinaire
et qui se démarque des romans policiers habituels. Les éditions Sonatine n’ont
pas fini de nous étonner !
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