"La punition qu'elle mérite" d'Elizabeth George (The Punishment She Deserves)


La punition qu’elle mérite (The Punishment She Deserves)
Auteur : Elizabeth Gorge
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Isabelle Chapman
Éditions : Presses de la Cité (7 Mars 2019)
ISBN : 978-2258117761
672 pages

Quatrième de couverture

Ludlow, bucolique bourgade du Shropshire, tombe dans l'effroi lorsque le très apprécié diacre. Ian Druitt est accusé de pédophilie. Placé en garde à vue, le suspect est retrouvé mort, pendu. La commissaire Isabelle Ardery, qui a été dépêchée sur les lieux depuis Londres et qui se débat avec ses problèmes d'alcool, a bien envie de classer l'affaire en suicide. Mais c'est sans compter la sagacité du sergent Barbara Havers. Coachée à distance par l'inspecteur Thomas Lynley, la Londonienne gaffeuse et accro à la nicotine flaire le pot aux roses : et s'il ne s'agissait pas d'un suicide ?

Mon avis

Retrouver les personnages récurrents d’Elizabeth George est toujours un plaisir et malgré quelques longueurs dans ses derniers romans, j’étais impatiente de découvrir celui-ci.

Le sergent Barbara Harvers s’est laissée entraîner à faire des claquettes, elle a minci mais elle n’a rien perdu de son caractère de « cochon » et de ses talents d’investigatrice. La voilà associée à Isabelle Ardery pour aller enquêter sur le suicide d’un diacre, accusé de pédophilie. Le père de ce dernier veut creuser l’affaire. Son fils, homme de Dieu, n’a pas pu commettre un tel acte ! C’est un duo d’enquêtrices assez particulier qui se rend, à Ludlow, dans une petite ville du Shropshire. Isabelle ne supporte pas Barbara et ses initiatives. Elle veut se débarrasser d’elle et cherche en permanence à la coincer pour pouvoir l’évincer pour faute. Barbara, coachée par l’inspecteur Lynley, un aristocrate, qui l’apprécie, sait qu’elle doit rester dans les clous. Voilà donc, les deux femmes parties pour quelques jours. Isabelle, empêtrée dans ses problèmes personnels (divorce, addiction à l’alcool) n’a qu’une hâte : en finir au plus vite. Barbara, elle, sent, dès leur arrivée qu’il va falloir pousser certaines personnes dans leurs retranchements. Pas du tout en phase, la première multiplie les humiliations et les remarques (chambre vétuste, surveillance permanente etc….), la seconde ruse pour retourner sur le terrain, observer le moindre détail qui pourrait permettre d’avancer. Toute la première partie du roman est consacrée à ce binôme improbable et si certains lecteurs y trouveront des longueurs, cela n’a pas été mon cas. J’ai apprécié le fait que l’auteur aille en profondeur dans les rapports entre les deux femmes, approfondissant leur personnalité complexe et nous montrant, par bribes, comment Barbara va arriver à relancer l’affaire. Sa pugnacité est un régal.

La seconde partie permettra de retrouver Thomas Linley avec Barbara sur la même problématique. On va les voir, tous les deux, à l’œuvre, et ce n’est plus du tout la même méthode pour aborder les événements. Il y a un vrai échange, des discussions, des interrogatoires serrés où chacun joue son rôle pour obtenir des résultats. Les individus, qui sont mêlés de près ou de loin à cette histoire de pédophilie, sont très différents. Il y a l’ilotier qui a arrêté, sur ordre, le diacre, il est presque trop poli pour être honnête et il semble cacher quelque chose sous de faux airs naïfs. Sa chef le « materne » un peu trop et le fils de cette dernière travaillait avec le prêtre… et ce fameux fiston n’a pas l’air de mener une vie bien clean….

Il est beaucoup question de famille et d’addictions dans ce recueil. Les liens entre parents et enfants, ce qu’on souhaite pour sa progéniture et ce qui se passe finalement, les difficultés de dialogue dans les couples, la drogue, l’alcool, le sexe sans limite et les conséquences néfaste de ces dépendances. Au-delà de l’enquête, il y a toute cette analyse, finement poussée sans être lourde sur ces multiples thèmes. Elizabeth George aborde également le sujet des coupes budgétaires, du nombre de policiers pour gérer la sécurité, de la place de chaque homme lorsqu’il n’est pas né sur place et qu’il n’est pas forcément le bienvenu là où il vit.

C’est avec bonheur que j’ai replongé au cœur de cet univers so british, dans une atmosphère parfaitement décrite, palpable, presque « télévisuelle » (je verrai bien une adaptation en téléfilm). L’écriture me plaît, elle est sans cesse teintée d’une pointe d’humour (la traduction ne gâche rien). Le côté « rébellion » de Barbara est un régal et son amitié avec Thomas Lynley est empreinte de compréhension de part et d’autre. Malgré le nombre de pages important, je n’ai pas vu le temps passer !



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