Les assassins (The anniversary man)
Auteur : R.J. Ellory
Traduit de l’anglais par Clément Baude
Éditions : Sonatine (19 Août 2015)
ISBN : 978-2355842894
528 pages
Quatrième de couverture
Le serial killer le plus dangereux de tous les temps est
parmi vous mais seule une personne le sait... Sur dix-huit mille assassinats
par an aux États-Unis, seulement deux cents sont le fait de tueurs en série.
Aussi les forces de police ne privilégient-elles que rarement la piste du
serial killer. Lorsque quatre homicides sont commis en quinze jours à New York,
selon des modes opératoires complètement différents, personne ne songe à faire
un lien entre eux. Personne, sauf John Costello.
Mon avis
« Côté obscur »
Une fois encore, R.J Ellory va aux tréfonds des âmes, dans
la partie la plus sombre des individus pour son roman. On pourrait se poser la
question de ce qui anime ainsi un auteur pour mettre à jour toute cette
noirceur … mais tant qu’il y a des lecteurs conquis pourquoi s’interroger ?
L’écriture de cet homme est fascinante, addictive, il sait
créer une atmosphère lourde de sens, de sous-entendus, de non-dits, de
réflexions intimistes. Ses personnages
ont une part d’ombre importante qui désarçonne le lecteur car aucun d’eux ne
semble « lisse ».
Parmi tous ceux qu’on croise dans cet ouvrage, John Costello
est intéressant, il est suffisamment ambigu pour titiller notre curiosité et
nous inciter à émettre des hypothèses et ses raisonnements sont un véritable
plus tant pour nous que pour Ray Irving.
« Il n’a pas peur de la nuit, car il porte en lui toute la
nuit dont il a besoin. »
Le flic solitaire, embourbé dans ses recherches, est
peut-être un peu « cliché » ; quant à la
journaliste, femme forte et fragile à la fois, elle est sans doute celle qui «
habite »le plus dans le monde « réel ».
J’ai regretté qu’on ne comprenne pas plus les motivations du
tueur. Tout au long des chapitres, des suppositions sont émises, en rapport
avec la personnalité trouble, avec le comportement retors et pervers de chaque meurtrier évoqué, en lien avec
celui qui reproduit les forfaits mais il m’a manqué un « je ne sais quoi ».
Sans doute, en rationnelle que je suis, avais-je besoin de causes logiques
expliquant le pourquoi du comment.
Mais ce n’était sans doute pas l’objectif de l’auteur. En
reprenant des faits réels, sur lesquels il s’est parfaitement documenté et
qu’il a intégrés de façon magistrale au contenu, il voulait sans doute «
appuyer » sur les victimes, celles qu’on oublie trop vite, préoccupé par le
criminel parce que c’est lui qui nous renvoie en pleine figure les
interrogations les plus gênantes. L’homme, interpellé par la violence qu’il ne
conçoit pas, veut saisir les raisons qui peuvent pousser un être humain à agir
ainsi. Y-a-t-il des prédispositions provoquant de telles attitudes ? Ellory
décortique les situations, passe de l’un à l’autre, faisant monter l’angoisse,
installant une boule au ventre qui ne nous quitte pas, analysant les desseins
obscurs de ceux qui agissent.
L’intrigue se passe à New-York, la police est sur les dents,
sur les nerfs. Nous sommes en période d’élections et il faut ménager les susceptibilités, tout le
monde marche sur des œufs même la presse malgré sa « liberté d’expression ». On
observe les dérapages, les prises de risques « calculés », pour lesquels les
instigateurs perdent la main, et qui provoquent des dégâts dits « collatéraux
». On sent que le « traqué» manipule tout le monde et qu’il entraîne les uns et
les autres là où il veut aller….
Mais comme les personnages, on est démuni, ne sachant
comment agir pour le bloquer, l’arrêter….Et là, va résider une grande partie de
la force de cet ouvrage, nous emmener à la suite de tous ceux qu’on côtoie
dans les pages, sur des chemins de
traverse, jamais unis, douloureux, noirs, de ce noir qui vous colle encore à la
peau une fois la dernière page refermée…..
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