Sans mon ombre
Auteur : Edmonde Permingeat
Éditions : L’Archipel (17 Avril 2019)
ISBN : 9782809826197
440 pages
Quatrième de couverture
Dans un accès de violence, Alice tue sa sœur, Célia. Alors
que tout les opposait, Alice décide de prendre la place de la morte.
Saura-t-elle donner le change et que découvrira-t-elle de l’autre côté du
miroir?
Mon avis
« Sans mon ombre », c’est l’histoire de deux
jumelles, Alice et Célia. Physiquement, ce sont deux gouttes d’eau, bien malin
qui pourrait déterminer qui est qui. Côté caractère, c’est autre chose, l’une,
Célia est mariée, mère de deux filles. Non diplômée, elle consacre énormément
de temps à sa famille et à de nombreuses « bonnes œuvres » dans la
paroisse ou ailleurs. Elle vit dans un certain luxe, entouré d’amis issus « de
la haute ». L’autre, Alice, est professeur de philosophie, elle brûle la
vie par les deux bouts et multiplie les amants. Leur mère (qui à mon avis, a
fait une première erreur en prenant deux prénoms « anagrammes ») les
a comparées lorsqu’elles étaient petites (prends donc exemple sur ta sœur) et a
ainsi, incidemment, mis en place un climat délétère qui n’a fait que s’amplifier.
Malgré sa réussite en tant qu’enseignante, Alice envie sa jumelle, le train de
vie qu’elle mène et le fait qu’elle ait du temps pour elle. Cette jalousie la
ronge, l’empoisonne, la détruit. Aussi, lorsqu’une dispute tourne mal et que sa
sœur décède sous ses yeux, suite à une mauvaise chute sans témoin, elle saisit
l’occasion de prendre sa place. Elle qui a son franc parler mais qui ne
supporte pas les fautes de français, un style vestimentaire assez mode, qui
aime choisir ses activités, qui ne sait pas cuisiner, va-t-elle réussir à se « couler »
dans son nouveau « rôle », celui d’une maman dévouée, qui va à des réunions
Tupperware, tient des stands à la kermesse, après avoir préparé des gâteaux ?
Chasser le naturel….
Alice va vite découvrir que la vie de Célia n’était pas
aussi lisse qu’elle le croyait. Des tas de choses à prévoir, organiser, des
amis qui n’en sont pas, des manigances, des chantages, des trahisons, des
adultères, ce monde de snobs est un peu caricaturé car on y retrouve tous les
cas de figures. Et on assiste aux erreurs d’Alice qui parfois se raccroche aux
branches, qui d’autres fois, assume comme si Célia se décidait à être rebelle.
Rien ne sera simple, ni facile, elle doit ruser, composer, et se demande si
elle a fait le bon choix. Cet échange va lui permettre de faire le point sur sa
vie, mais également de découvrir sa frangine par l’intermédiaire d’un journal
intime qu’elle récupère. Le lecteur ne connaît pas Célia mais au fil des pages,
sa personnalité se dessine, par l’intermédiaire des gens qui parlent d’elle ou
qui dialoguent avec Alice en la prenant pour elle.
Ce roman est intéressant pour l’analyse de la relation de la
gémellité, des relation amicales ou familiales (que de faux semblants) mais
également pour le cheminement d’Alice qui va évoluer, chercher la rédemption
après avoir détesté « son alter ego ».
L’écriture d’Edmonde Permingeat est très plaisante, fluide.
Elle est régulièrement rythmée par les pensées d’Alice, écrites en italiques,
qui sont teintées de cynisme de bon aloi et parfois assez amusantes. Cela « désacralise »
le côté sérieux du récit et apporte une bouffée de fantaisie. Le contenu monte
en puissance au fil des chapitres. Si l’échange peut faire sourire au début
avec les gaffes de l’usurpatrice, on sent rapidement que l’ambiance va aller en
se détériorant, que la pression va monter et que l’aspect psychologique va
prendre de plus en plus de place. La présentation
de l’évolution d’Alice est une réussite et permet de pardonner l’aspect un peu «caricatural »
de certains personnages (comme la belle-mère qui est horrible).
J’ai beaucoup apprécié cette lecture et le style vif de l’auteur.
C’est une belle découverte !
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