"Lou après tout -Tome 1: Le grand effondrement" de Jérôme Leroy


Lou après tout
Tome 1 : Le grand effondrement
Auteur : Jérôme Leroy
Éditions : Syros (16 Mai 2019)
ISBN : 978-2748526349
384 pages

Quatrième de couverture

Lorsque la civilisation s'est effondrée, le monde allait mal depuis longtemps. Bouleversements climatiques, émeutes, épidémies inquiétantes et dictatures... c'était un monde en bout de course, où l'on faisait semblant de vivre normalement. Le Grand Effondrement était inévitable, mais nul n'aurait pu imaginer ce qui allait suivre. Quinze ans plus tard, Lou et Guillaume font partie des survivants

Mon avis

Au moment d’écrire une chronique sur cette lecture que j’ai dévorée, un mot me monte aux lèvres : MERCI.
Tout d’abord, merci à l’auteur qui, par l’intermédiaire de ce récit destiné aux plus de treize ans (donc à faire lire également à des adultes), tire une sonnette d’alarme sur ce que peut devenir notre monde si on ne réagit pas rapidement. Merci à lui d’avoir posé des mots sur les maux de notre société et merci à lui d’avoir osé décrire un avenir probable…
Et le second merci sera pour la vie. Par l’intermédiaire de ses deux personnages : Guillaume et Lou, qui refusent la fatalité, qui ne se résignent pas, Jérôme Leroy nous offre une ode à la vie et c’est tout simplement …beau…

Le 15 Juin 2040, il y a « la Grande Panne ». Le monde ne va déjà pas très bien. Les hommes ont depuis longtemps oublié l’essentiel : la planète ne leur appartient pas et « vivre ensemble » doit avoir du sens. On est loin de tout ça : la pollution est à son apogée, les enfants sont « pucés », la réalité augmentée donne l’illusion du bonheur, les tablettes isolent et entraînent de nouveaux handicaps etc. Et surtout les gens vivent surveillés, cadrés, stressés, ne se mélangeant pas car « l’étranger » n’est plus accueilli ni compris ou considéré comme un pair et puis ils n’ont pas le temps et pensent se suffire à eux-mêmes.… La dictature règne sur le pays. Quelques-uns, dont Guillaume et sa mère, essaient de résister, de lutter contre cette descente insidieuse vers la négation des valeurs humaines mais c’est de plus en plus difficile….

Suite à cette Grande Panne, le Grand Effondrement est arrivé et Guillaume âgé de dix-sept ans doit fuir… Il rencontre Lou, petite fille de cinq ans et ils partent ensemble sur les routes, se battant chaque jour pour survivre….Nous suivons leur chemin et nous découvrons également comment ils en sont arrivés là. La relation qu’ils construisent est admirable. Lou n’a connu que le chaos mais par l’intermédiaire du jeune homme, elle apprend à lire, écrire, et surtout :
« Mais grâce à toi, j’ai découvert la poésie, j’ai appris à apprécier la beauté du ciel. »
Il lui offre la joie des bonheurs simples de l’instant présent lorsque le soleil brille ou que la lune vous éclaire. Il n’oublie pas la rencontre avec la poésie, la musique… grâce à Apollinaire et Marvin Gaye qui chante « Les choses ne sont plus ce qu’elles étaient… » Il l’aide à se construire une belle personnalité et on sent que ce petit bout de femme a du caractère, qu’elle est pleine de ressources. On ne peut que s’attacher à elle.

L’écriture est exquise, fluide, douce, décrivant avec intelligence les événements douloureux, terrifiants ou ceux qui redonnent un peu d’espoir. Le style est vif, rythmé. J’ai été sous le charme pendant tout le temps passé avec ce recueil entre les mains.  Une remarque de l’auteur m’a particulièrement frappée. Guillaume, son personnage, explique que les photos ne sont plus tirées sur papier. A quoi bon, dans la mesure où avec les smartphones, les ordinateurs, on peut les consulter quand on veut…Oui, mais, si un jour, l’électricité n’existe plus ? Est-ce qu’on ne prendrait pas le risque que tous les souvenirs s’estompent puis disparaissent de nos mémoires ? …

J’ai pris un plaisir immense tout au long des presque quatre cents pages de cet opus et je n’ai qu’une hâte : lire la suite !

En conclusion, je partagerai une citation qui a une résonance particulière pour moi après la lecture de ce magnifique récit.
« N’oubliez pas que ce monde hideux ne se soutient encore que par la douce complicité, toujours combattue, toujours renaissante, des poètes et des enfants… » Bernanos




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