Sérotonine
Auteur : Michel Houellebecq
Éditions : Flammarion (4 Janvier 2019)
ISBN : 978-2081471757
352 pages
Quatrième de couverture
« Mes croyances sont limitées, mais elles sont violentes. Je
crois à la possibilité du royaume restreint. Je crois à l'amour » écrivait
récemment Michel Houellebecq. Le narrateur de Sérotonine approuverait sans
réserve. Son récit traverse une France qui piétine ses traditions, banalise ses
villes, détruit ses campagnes au bord de la révolte. Il raconte sa vie
d'ingénieur agronome, son amitié pour un aristocrate agriculteur (un
inoubliable personnage de roman son double inversé), l'échec des idéaux de leur
jeunesse, l'espoir peut-être insensé de retrouver une femme perdue.
Mon avis
Michel Houellebecq a ses admirateurs mais également ses
détracteurs. Personnellement, l’homme entraperçu lors d’une émission ne me
faisait pas envie et de ce fait, je n’avais aucunement l’intention de me
pencher sur ses écrits. Deux hasards concomitants ont fait que son dernier
roman a atterri dans mes mains et que j’ai décidé de lui donner une chance. A
quoi se joue une rencontre, c’est surprenant parfois.
J’ai donc découvert l’écriture de l’auteur par l’intermédiaire
de Sérotonine. Cela commence « chaudement ». Les premières pages sont
assez sulfureuses et je me suis dit que si cela continuait ainsi, j’allais vite
me lasser. Mais il n’en est rien. Par l’intermédiaire de son personnage
principal, un quadragénaire mal dans sa peau, Michel Houellebecq nous fait
pénétrer dans l’intimité d’un homme qui perd pied (n’aurait-il pas mis un peu,
beaucoup ?, de lui dans ce livre ?). Le regard porté sur la société
est brut de décoffrage, désabusé, déçu. Celui qui s’exprime sent que tout fout
le camp, que les événements lui échappent mais il n’a pas la force de lutter.
Même les gestes du quotidien lui pèsent. La dépression est dépeinte sans
fioriture, avec une langue sèche, parfois crue. J’ai pensé au trente sixième
dessous de Pierre Daninos, qui, lui aussi, avait osé mettre des mots sur cette
maladie du siècle qui est la perte de l’estime de soi, la perte de repères, la
perte de l’envie de vivre….
Mais il ne se contente pas de parler de lui. Florent-Claude,
puisqu’il se nomme ainsi dans le récit, porte un regard acéré sur la société.
Avec cynisme, il analyse les relations entre les hommes, la politique, le monde
paysan, l’amour. Rien n’est laissé de côté. Il ose et son écriture nous fait
plonger avec lui au plus près des maux. On peut même se prendre à sourire car
il sait quelques fois se moquer de ses propres travers.
Pour un premier contact avec l’auteur, je ne suis pas déçue.
C’est un sujet délicat qu’il a su amener avec doigté. Bien sûr, il arrive qu’il
enfonce des portes déjà ouvertes mais ce n’est pas gênant car son style
particulier donne une autre dimension à ce texte peu protocolaire.
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