Quand les anges tombent
Auteur : Jacques-Olivier Bosco
Éditions : Jigal (15 Septembre 2014)
ISBN : 9791092016277
330 pages
330 pages
Quatrième de couverture
Cinq enfants kidnappés… Un truand impitoyable, Vigo, dit le
Noir, condamné à perpét’ pour le meurtre de gamins qu’il nie farouchement avoir
commis… Un avion en provenance de Russie qui par malheur s’écrase sur une
prison… Un procès truqué, une vengeance… Un préfet assoiffé de pouvoir qui
brouille les cartes, un flic déboussolé au fond du trou, un malfrat corse en
rupture de ban, un cheminot alcoolo, un juge en fin de parcours, une avocate
opiniâtre, des parents bouleversés mais combatifs… Et leurs cinq mômes bien
décidés à survivre et prêts à tout pour s’en sortir tout seuls !
Mon avis
Du beau, du lourd……
D’abord, il y a cette couverture, belle, sobre et
pétaradante comme le texte… Ce noir et ce rose qui se marient si bien, à
l’image du contenu annoncé sur le bandeau : rage et tendresse.
Le texte est beau. Pourquoi ? Parce que sous les nombreux
rebondissements, sous la pléthore de ramifications, on sent l’humanité d’un
écrivain qui écrit parfois l’horreur, l’indicible. On découvre la description
d’une paternité viscérale chez les personnes dont les enfants ont été
kidnappés. Chacun est père, mère, différemment des autres et en dehors des
coups de feu, de la bassesse de certains humains, il y a de temps à autre,
remontant à la surface, le pouvoir des liens familiaux, de tout l’amour que
l’on donne à ceux qu’on aime. Bons ou mauvais (mais parfois la frontière est si
mince), les papas de ce livre (même si ce ne sont que des hommes comme le
rappelle l’auteur dans sa dédicace) emplissent les pages, et notre vie,
l’espace de quarante huit heures, le temps que dure ce roman in et off (pour la
lecture). Les enfants aussi, ne sont pas en reste et la relation à leurs
géniteurs est à découvrir. On imagine sans peine comment elle pourrait
conditionner l’homme ou la femme de demain….
Le texte est sobre. Pourquoi ? Peu de mots, mais des mots
explosifs, cinglants, comme des coups de massue, des éclats que vous prenez en
pleine face et en plein cœur car ils vous touchent. L’écriture froide et
lumineuse éblouit le lecteur et le scotche durablement aux pages (merci
Monsieur Bosco !) On ne perd pas une seconde, on s’abreuve du texte, le cœur
accélère, se fige, repart, et on retient son souffle comme en apnée, surtout ne
pas être dérangé, lire, lire….
Le texte est pétaradant. Pourquoi ? Le rythme est vif,
rapide. On suit les enfants, puis chacun des personnages impliqués dans leur
quête de vérité, de liberté, d’écoute. Chaque fois qu’on en laisse un pour
retrouver le suivant, on voudrait revenir au premier. On part dans un sens,
puis dans un autre, on va de France en Belgique sans temps mort, et les mots :
vite, savoir, comprendre ne nous quittent pas. On tourne les pages encore et
encore….
Ce roman m’a scotchée, pris dans ces rets dès les premières
lignes et je ne l’ai pas lâché. Me retirant dans ma bulle pour m’introduire
dans la vie des protagonistes, dans l’intrigue. Bien sûr, certains penseront
que, comme il s’agit d’enfants, mon sang de mère n’a fait qu’un tour et que
c’est cela qui m’a tenu en haleine. Ce serait un raccourci bien trop rapide.
J’ai beaucoup aimé la construction de cet opus qui sans être originale, m’a
paru très bien adaptée au contexte. Chacun agit pour son fils, sa fille mais
tous les chemins mènent au même endroit : au cœur des hommes. Le fait que
l’enlèvement de leur progéniture mette certains adultes sur le chemin de la
rédemption est également un point important et leur cheminement vaut le détour.
Les différents protagonistes m’ont captivée. En quelques
phrases, ils faisaient partie de mon quotidien et soit je leur tenais la main
soit je les laissais à distance mais ils m’étaient rarement indifférents. Leur
part d’ombre (N’est-ce pas le lot de chacun de nous, d’avoir des actes plus ou
moins avouables sur la conscience ? N’avons-nous pas, chacun, un jour ou
l’autre triché avec nous-mêmes ?) me fascinait. Je me demandais sans cesse de
quelle façon ils allaient la gérer, ce qu’ils allaient mettre en place pour
guérir, l’accepter et continuer d’avancer maintenant qu’elle venait de remonter
à la surface.
Aucun individu ne prend le dessus sur un autre (même si je
sentais que j’avais un faible pour Erwan…) et chacun a une place entière dans
ce magnifique livre qui enchantera plus d’un amateur du genre.
Il n’y a pas qu’à l’étranger que les auteurs écrivent « du
noir » de qualité. Lisez Jacques-Olivier Bosco une fois et je vous le garantis,
vous y reviendrez.
Il n’y a pas que chez les grands éditeurs que l’on trouve du
« beau, du lourd »….
D’ailleurs, Monsieur Jigal, c’est quand le prochain Bosco ?
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