Bison
Auteur : Patrick Grainville
Éditions : Seuil ( 2 Janvier 2014)
ISBN : 9782757849538
350 pages
Quatrième de couverture
Enfin, les bisons sont arrivés. Armés d'arcs, parés
d'amulettes et de plumes, les Sioux s'élancent et l'épopée commence. Sur la
colline, George Catlin peint à toute vitesse pour garder la mémoire de ces
peuples. Il le pressent : bientôt il n'y aura plus de bisons, plus d'Indiens
libres. Les Blancs vont détruire leur vie nomade en harmonie avec la prairie,
leurs fêtes, leur religion, leurs chasses…
Mon avis
Ce livre est une fresque, une immense peinture où la main de
l’écrivain fait vivre ce que voit l’œil du peintre.
Les scènes décrites sont comme autant de tableaux qui se
construisent sous nos yeux. Le décor se met en place, l’atmosphère s’installe
puis apparaissent les personnages donnant vie à l’ensemble. A ce moment là tout
s’anime : sons et lumières …
« Les enfants se
chamaillent, se poursuivent, galopinent, jouent à la guerre. On entend le
fleuve. Des canards étincelants filent au ras de l’eau. Les saules et les
bouleaux bruissent dans une passe du vent. La masse des feuillages ploie,
saisie d’un frétillement infini, miroitant. On pourrait rester là , se
confondre avec la vie. S’il n’y avait sur la colline ce marcheur obstiné
dans sa quête. Alors que la vision semble immédiate, déployée partout, épanouie
dans tous les éléments, les sons, couleurs, mouvements accordés, que tout le
monde finalement le sent. »
L’écriture est d’une poésie infinie, une musique rythmée par
les phrases longues ou courtes telles des mélopées ou des cris lorsqu’il le
faut. De temps à autre, les scènes sont plus viriles, plus dures mais toujours
se dégage la sérénité de celui qui peint, qui est le « témoin »
vivant de ce qui se déroule sous ses yeux.
Peindre contre l’oubli….
On peut se demander ce qui a poussé cet homme en 1832 à
abandonner une carrière d’avocat et de portraitiste, ainsi que femme et enfants
pour aller à la rencontre de ces peuples indiens qu’il a choisi de représenter.
« Il rayonne » est une des explications… Je pense
que Catlin s’est accompli dans cette œuvre gigantesque de «devoir de
mémoire ». Expliquant ses premiers contacts (entre autres avec la langue des signes), ses
premières approches (en faisant des dons), ses échecs (les indiens qui ne veulent pas être
peints) , les cadeaux reçus (comme preuve de confiance d’une parole donnée)……
l’auteur nous fait découvrir le quotidien de l’artiste.
« Catlin
travaille bien. Il est solide. Il sait ce qu’il aime, où il va. Depuis
Philadelphie, il a tout quitté : position sociale, femme, aisance, il a
accompli plus de quatre mille kilomètres précisément pour jouir de ce moment de
capture et de création. »
Est-ce que le peintre aime les indiens ? Où est-ce
qu’il aime poser ses pinceaux sur la toile pour inscrire leur histoire quelque
part, laisser une trace ? En lisant ce roman, la réponse transpire entre
les lignes …..
Ce livre est pour moi un coup de coeur.
Pour le sujet traité et ma tendresse particulière pour ses
« oublié s ».
Pour l’écriture qui m’a transportée.
Pour le plaisir de cette lecture dont je me suis délectée,
la faisant durer pour rester encore un peu avec chacun de ceux qui étaient
évoqués….
Ecureuil agile *
* nom indien que m’ont choisi mes élèves lorsque nous avons
lu « Petit Arbre ».
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