Ce qu’elles disent (Women Talking)
Auteur : Miriam Toews
Traduit de l’anglais (Canada) par Lori Saint-Martin et Paul
Gagné
Éditions : Buchet-Chastel (22 Août 2019)
ISBN : 978-2-283-03248-0
230 pages
Quatrième de couverture
Colonie mennonite de Molotschna, 2009. Alors que les hommes
sont partis à la ville, huit femmes – grands-mères, mères et jeunes filles –
tiennent une réunion secrète dans un grenier à foin. Depuis quatre ans, nombre
d’entre elles sont retrouvées, à l’aube, inconscientes, rouées de coups et
violées. Pour ces chrétiens baptistes qui vivent coupés du monde, l’explication
est évidente, c’est le diable qui est à l’œuvre. Mais les femmes, elles, le
savent : elles sont victimes de la folie des hommes.
Mon avis
Libérer la parole
Les mennonites appartiennent à un mouvement anabaptiste
fondé dans la première moitié du XVI ème siècle et implanté aux Pays-Bas et aux
États-Unis. Miriam Toews est née en 1964 dans une communauté Mennonite…et dans
son roman, elle s’inspire d’un fait divers assez sordide qui a eu lieu au sein
de cette communauté.
Entre 2005 et 2009, au sein d’une colonie mennonite, des
femmes ont été droguées et violées. Partant de cela l’auteur a donné la parole à
celles qui avaient été abusées. Elles sont huit et elles ont quarante-huit
heures, le temps de l’absence des hommes, pour se réunir, s’exprimer et décider
de ce qu’elles feront. August, ancien instituteur (mal considéré par les
autres) en qui elles ont confiance consignera leurs dires car elles ne savent
ni lire ni écrire. C’est lui qui raconte.
On découvre que peu importe l’âge, la situation, toutes les
femmes ont été blessées dans leur intimité. La raison officielle est qu’elles ont
dû mal se conduire et que Satan les punit. Dans leur éducation, il faut
pardonner mais peut-on tout pardonner ? Les discussions sont importantes, les
opinions divergent mais toutes veulent avancer, s’en sortir, vivre mieux,
protéger les générations futures…Elles puisent au plus profond d’elles-mêmes
les ressources pour s’affranchir du joug des hommes.
Il est difficile d’imaginer que de telles exactions puissent
exister à notre époque. Et pourtant…. l’auteur a eu du courage pour évoquer
cette situation et la partager avec discernement. L’écriture est froide,
dépouillée, mais c’est volontaire. August fait un compte-rendu. De temps en
temps, il parle de lui, de ce qu’il a vécu, de ses émotions, et le ton est plus
chaleureux. C’est un roman bouleversant
que je n’oublierai pas.
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