Un employé modèle (The Cleanner)
Auteur : Paul Cleave
Traduit de l’anglais (Nouvelle Zélande) par Benjamin Legrand
Éditions : Sonatine (20 mai 2010)
ISBN : 978-2355840333
432 pages
Quatrième de couverture
Christchurch, Nouvelle-Zélande. Joe Middleton contrôle les
moindres aspects de son existence. Célibataire, aux petits soins pour sa mère,
il travaille comme homme de ménage au commissariat central de la ville. Ce qui
lui permet d'être au fait des enquêtes criminelles en cours. En particulier
celle relative au Boucher de Christchurch, un serial killer sanguinaire accusé
d'avoir tué sept femmes dans des conditions atroces. Même si les modes
opératoires sont semblables, Joe sait qu'une de ces femmes n'a pas été tuée par
le Boucher de Christchurch. Il en est même certain, pour la simple raison qu'il
est le Boucher de Christchurch. Contrarié par ce coup du sort, Joe décide de
mener sa propre enquête afin de démasquer lui-même le plagiaire.
Mon avis
« Je ne sais pas bien d’où viennent les idées, si elles
se contentent de flotter dans une dimension proche, mais pas exactement de ce
monde, que nos esprits peuvent atteindre pour les attraper, ou si une série de
synapses se déclenchent dans nos esprits transformant des données inertes en
possibilités inattendues, ou encore si cela ne se réduit pas plutôt à un simple
train de pensées traversant Chanceville. »
Il s’appelle Joe.
Sa vie c’est sa mère, qui l’étouffe, le harcèle à sa façon,
le culpabilise.
Sa vie, c’est ses deux meilleurs amis : Cornichon et
Jehovah, ses poissons rouges qui ont une place importante dans sa vie.
Sa vie, c’est son travail, une activité routinière, sans
intérêt, qui lui permet d’être transparent aux yeux de tout le commissariat où il
est homme d’entretien.
Sa vie, c’est Sally, une collègue, qui veut s’occuper de lui
parce qu’elle se reproche la mort de son petit frère et en aidant une autre
personne, elle expiera peut-être sa faute.
Sa vie, ce sont ses poussées d’adrénaline, qui lui sont
indispensables
Sa vie, ce sont ses deux facettes, une extérieure, lisse, de
simplet de service « Joe le lent », l’autre intérieure que nous découvrons par
ses pensées
C’est lui le tueur, le « boucher »….
Le décor est planté.
L’intérêt du livre ne sera donc pas dans l’enquête pour
trouver le tueur principal.
Non, il est ailleurs, nous allons plonger dans les pensées
de Joe, comprendre par ses réflexions son mode de fonctionnement et comment il
en est venu à commettre de tels actes.
Il ne choisit pas de tuer au hasard, non, dans son esprit,
tout est organisé, cloisonné.
Il lui arrive de tuer pour rendre à sa victime « son
humanité ».
D’ailleurs il parle, souvent, de son « humanité », la
brandissant comme un bouclier pour expliquer ses actes.
Comme si tout ce qu’il fait subir aux femmes qu’il tue,
répondait à une logique. C’est presque ça, il a une « logique », une logique de
fou, de dérangé, de malade mais une logique ... une logique torturée ...
On peut parfois se sentir mal à l’aise d’être ainsi dans les
pensées d’un homme que l’on voudrait dénoncer mais on reste en dehors
(heureusement !!!) donc ce n’est pas dérangeant.
L’écriture est cynique, parfois accompagnée d’humour noir et
de scènes que je préfère lire plutôt que de les voir au cinéma …
La première moitié nous entraîne dans les méandres du
cerveau de Joe le lent, homme de ménage simplet le jour, tueur fou la nuit.
Dans la seconde moitié, il y a plus d’événements et le rythme s’accélère, c’est
une bonne chose car certaines longueurs commençaient à poindre.
Et on peut presque se poser la question de ces tueurs
"d'exception", qui sont finalement diablement intelligents à leur
manière ... Auraient-ils été un autre
homme s'ils avaient eu une autre mère ?
Une idée de base originale, un auteur à surveiller, un bon
livre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire