"Une femme en contre-jour" de Gaëlle Josse


Une femme en contre-jour
Auteur : Gaëlle Josse
Éditions : Les Editions Noir Sur Blanc (7 Mars 2019)
ISBN : 978-2882505682
160 pages

Quatrième de couverture

Raconter Vivian Maier, c’est raconter la vie d’une invisible, d’une effacée. Une nurse, une bonne d’enfants. Une photographe de génie qui n’a pas vu la plupart de ses propres photos. Une Américaine d’origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago, nostalgique de ses années d’enfance heureuse dans la verte vallée des Hautes-Alpes où elle a rêvé de s’ancrer et de trouver une famille. Son œuvre, pleine d’humanité et d’attention envers les démunis, les perdants du rêve américain, a été retrouvée par hasard – une histoire digne des meilleurs romans – dans des cartons oubliés au fond d’un garde-meubles de la banlieue de Chicago.

Mon avis

Un œil posé sur la vie

« Chez Vivian Maier, il y a la crasse de la rue, la saleté des vêtements tachés, déchirés, il y a des chaussures trouées et des enfants qui jouent dans le caniveau. Nous sommes dans un réel saisi de face, de front, sans embellissement aucun. »

L’écriture de Gaëlle Josse est une dentelle qui se construit sous nos yeux. Parfois froide et détachée, posant les mots, sans émotion apparente, qui décrivent l’aventure d’une femme hors normes, parfois tendre et délicate, elle donne vie à un destin inoubliable. Elle lace, entremêle les fils pour donner vie à une invisible : Vivian Maier. Ancienne bonne d’enfants, cette femme a connu le succès après son décès lorsque des cartons contenant les milliers de photos qu’elle avait faites ont été remis au jour. Elle reste une énigme car les témoignages sur elle sont parfois divergents mais son talent, lui, fait l’unanimité.

La photographie comme la fixait Vivian Maier sur sa pellicule est un art à part entière. « Capturer l’instant et lui donner vie, à jamais », c’est ce qu’elle faisait. Elle portait un regard attentif sur tous les frôlements, les affleurements, les instantanés du quotidien. Elle aurait pu ne prendre que le « beau » (mais qu’est-ce que le « beau » ?), le lisse, le bien-pensant… mais elle avait choisi de montrer la banalité de tous les jours et de lui donner du sens …. Elle « clichait » « les pauvres, les abandonnés du rêve américain, les travailleurs harassés, les infirmes, les femmes épuisées, les enfants mal débarbouillés, les sans domicile fixe »…. D’ailleurs, Gaëlle Josse souligne : « Un artiste poursuit ce qui la hante, l’obsède, la traverse, la déchire. »

Ce livre est une belle découverte. L’auteur est sortie de sa zone de confort pour changer de registre. Elle a lu, s’est documentée, s’est renseignée avant de donner naissance à un recueil le plus juste possible où elle explique dans les dernières pages sa démarche. De plus, le parallèle qu’elle établit entre la photographe et elle, est plus qu’intéressant, captivant.



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