Je vis je meurs
Auteur : Philippe Hauret
Éditions : Jigal (18 Mai 2016)
ISBN : 979-10-92016-61-1
232 pages
Quatrième de couverture
C’est en noyant sa soixantaine désabusée dans un bar de
quartier que Serge croise les yeux de Janis la première fois. Elle est jeune,
jolie, serveuse de son état mais en proie à la violence quotidienne de son
petit ami. De confidences en services rendus, de regards en caresses rêvées,
une étrange amitié va alors se nouer… De son côté, l’inspecteur Mattis est
proche de l’implosion. Divorce, alcool, sexe et dettes de jeux, un grand
classique qui dégénère en spirale infernale. S’il tient encore à la vie, il commence
sérieusement à être à court d’arguments !
Mon avis
Je ne suis pas un héros….
Il m’est arrivé de trouver que des personnages de roman
manquaient singulièrement de consistance, de vie, d’âme…. Et bien, cette
fois-ci, ce n’est pas le cas… Hauts en couleur, fort en « gueule » , Serge,
Franck, Janis et José n’ont rien à envier à personne côté caractère … Et ce qui
est fortement intéressant, c’est que les deux premiers, plutôt du style «
lavette » vont finalement se révéler et se redresser…. Certains ont besoin d’un
aiguillon pour changer et avancer et ces deux là l’ont trouvé …..
Serge, il a la soixantaine, il vit ou plutôt il laisse la
vie s’emparer de lui. Une partie d’échecs de temps en temps, de vieilles
chaussettes, un caleçon qui baille…. Pas le genre d’homme qui attire… Un peu
désabusé, un quotidien sans fantaisie et sans écart. C’est un retraité qu’on ne
remarque pas, tout à fait « transparent »…. Il faudra une rencontre, des
circonstances particulières pour qu’il prenne son destin en mains et se
réveille de ce long sommeil …
Franck dépense trop (au poker), boit trop, drague mal, se
lave peu, n’entretient ni son linge, ni son intérieur, et n’assure pas
correctement son rôle de père…. Il a une « régulière » qu’il voit de temps à
autre. Elle aimerait plus mais lui, il a peur de s’engager, de se poser…. Je
crois qu’il est conscient qu’il véhicule une certaine forme de « médiocrité »
mais il ne fait rien pour lutter et encore moins pour s’en sortir… Pourquoi ?
Parce qu’une fois qu’on a le doigt dans la spirale, elle nous entraîne…. Et
celle qu’il a choisie le pousse vers le bas, pas vers le haut…..
Mais il faut croire en l’homme !!! Et l’auteur nous engage à
travers ses mots à conjuguer le verbe espérer à tous les temps. Il est long le
chemin vers la rédemption, vers l’accalmie(car celle-ci inquiète lorsqu’on a
toujours pris des risques dans sa vie). Il est douloureux de se résigner à
prendre une autre route que celle de la facilité pour devenir un homme qui peut
se regarder dans une glace sans craindre son reflet…. Mais il n’est pas
interdit d’essayer….
C’est avec une écriture droite, franche, parfois légèrement
teintée d’humour (notamment dans les descriptions) que l’auteur nous emmène
dans un univers parisien. On est dans des quartiers où certains dealent,
d’autres planquent pour coincer les premiers, sans oublier ceux qui consomment…
Ce ne sont pas des gros malfrats qu’on croise dans ces pages, plutôt des jeunes
qui se sont laissés aller à tremper dans de petits business où l’argent semble
plus facile et où les dangers pimentent les semaines d’un peu d’adrénaline…. Le
contexte est réduit au minimum, ce sont les hommes et les femmes qui emplissent
les pages, ils sont là, palpables avec leur part d’ombre, leur façon d’être,
leur décisions ….
J’ai beaucoup apprécié cet opus, le style de l’auteur, le
côté très réaliste et vivant de ses personnages. Le langage direct parlé par la
plupart des individus ne s’embarrasse pas de fioritures. C’est comme dans la
vraie vie, les faits sont là, il faut agir et il arrive qu’on n’ait pas le
temps de réfléchir ou seulement après, quand c’est trop tard pour regretter ou
se dire qu’il aurait pu en être autrement…. J’ai trouvé Serge de plus en plus
beau au fil des pages, bien sûr physiquement, mais surtout dans son âme…. Ce
n’est pas aisé de devenir une « belle » personne et la route de Serge sera
semée d’embûches avant qu’il devienne quelqu’un … Mais on le comprend
tellement, nous qui sommes tous, si souvent, en quête de reconnaissance…..
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