J’ai tué Jimmy Hoffa (I Heard You Paint Houses)
Auteur : Charles Brandt
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Esch et Samuel
Todd
Éditions : du Masque (30 Octobre 2019)
ISBN : 9782702449493
390 pages
Quatrième de couverture
Peindre des maisons, c’est la spécialité de Frank Sheeran,
dit L’Irlandais, homme de main de la pègre. Il entre au service de Russell
Bufalino, boss d’une grande famille mafieuse, et devient un solide soutien de
Jimmy Hoffa au sein des Teamsters, le très influent syndicat des camionneurs. Lorsque
Bufalino ordonne la mort de Hoffa, le 30 juillet 1975, L’Irlandais s’exécute,
conscient que son refus lui coûterait sa propre vie. Ce récit est le fruit de cinq ans
d’interviews réalisées peu avant le décès de Frank Sheeran en 2003. L’Irlandais
livre pour la première fois des révélations fascinantes sur la mystérieuse
disparition de Jimmy Hoffa et sur d’autres assassinats tout aussi célèbres dont
celui de John F. Kennedy.
Mon avis
C’est le 27 Novembre 2019 que le film de Martin Scorsese « The Irishman » avec Robert De
Niro, Al Pacino, Joe Pesci et quelques autres, va être diffusé sur Netflix. Il
est l’adaptation du livre « J’ai tué Jimmy Hoffa ». Ce n’est pas un
roman, ni un essai, c’est un recueil d’entretiens entre Charles Brandt, ancien
procureur général du Delaware, et Frank Sheeran, un mafieux haut placé mais qui
dépendait malgré tout de ses chefs. C’est comme ça qu’il a été « obligé »
de tuer Jimmy Hoffa. Il n’avait pas le choix, c’était Hoffa ou lui….
Par le biais d’enregistrements, retranscrits sans modification,
on découvre le cheminement de Frank Sheeran. C’est à la fin de sa vie qu’il s’est
confié sur cet assassinat, il ne l’a jamais avoué au tribunal. Voulait-il
soulager sa conscience ? Se libérer d’un poids ? Toujours est-il que
les rencontres ont été nombreuses et leur contenu foisonnant. De fait, c’est
une lecture qui demande d’être attentif pour bien cerner tout ce qui est
évoqué. Mais que c’est intéressant !
Dans les années 50, Frank vendait de la viande. Il trichait
sur les livraisons, histoire de gagner un peu plus que ce qu’on lui donnait.
Lorsqu’une combien fonctionne, on a tendance à augmenter les risques et il a
fini par se faire coincer. C’est peu après qu’il rencontre Jimmy Hoffa, alors
président du syndicat des conducteurs routiers américains. C’est le roi des
magouilles. Il participe au blanchiment de l’argent de la mafia, se rapproche du
patronat (il vaut mieux être copain avec eux que les avoir contre soi). Il se
place en utilisant des adjoints, des bras armés, évitant ainsi d’être en
première ligne. Robert Kennedy, Ministre de la Justice, essaie de le coincer,
il est alors emprisonné mais reste influent. Il sort, continue son business
alors que la mafia elle-même lui demande de se calmer. Il ne donne plus signe
de vie le 30 juillet 1975. Cette disparition restera longtemps un mystère car le
corps n’est pas retrouvé. Que s’est-il passé ?
Ce qui est très intéressant dans ce livre, c’est d’une part,
de voir que pour la première fois, Frank reconnaît avoir tué Hoffa et d’autre
part, d’être du côté du crime organisé. Parce qu’il s’agit bien d’organisation
et à grande échelle en plus… Les paroles
de Frank sont lourdes de sens, je pense notamment à ce qu’il dit sur son
expérience de soldat (Cinq cent onze jours passés à tirer et à se faire
tirer dessus sur la ligne de front.) Ce
vécu l’a conditionné. Je ne dis pas que cela excuse la violence, les meurtres
mais ça a probablement modifié certaines perceptions de cet homme, d’autant
plus que son enfance n’a pas été facile (il a commencé très tôt à accomplir de
petits boulots).
Le style est l’écriture de Charles Brandt sont percutants.
Il réussit à nous tenir en haleine avec des témoignages et les commentaires qu’il
en fait. Il faut dire que certains passages sont de vraies révélations et même
si quelques pistes (notamment sur l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy) ne
sont qu’effleurées, elles n’en restent pas moi captivantes. Cette lecture
apporte un éclairage complet sur les méthodes utilisées par la mafia, mais
surtout sur son influence dans l’histoire politique des Etats-Unis pendant une
vingtaine d’années. C’est vraiment impressionnant car on sent que le
gouvernement a eu parfois « besoin » de ces mafieux et qu’après, pour s’en
dépêtrer, ce n’était pas simple…
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