L’envol du sari
Auteur : Nicole Giroud
Éditions : les Escales (3 Octobre 2019)
ISBN : 9782365694278
273 pages
Quatrième de couverture
En janvier 1966, un avion d’Air India explose en plein vol
sur le massif du mont Blanc, à l’endroit même où le Malabar Princess s’était
écrasé en 1950. On retrouve le corps intact d’une jeune femme, une Indienne
nue, vêtue de ses seuls bijoux : c’est Rashna, la belle Parsie. Presque
cinquante ans plus tard, sa fille Anusha reconnaît le sari de sa mère dans une
exposition. Quentin, un écrivain en mal d’inspiration ayant perçu son trouble,
est aussitôt subjugué par la jeune femme.
Mon avis
« C’est par les mots que l’on pénètre l’âme des
hommes. »*
Ce roman est magnifique, tout d’abord en regardant ce sari
qui s’envole sur la couverture et dont la pointe représenterait presque un
livre….et ensuite, le contenu, intéressant, d’une finesse délicate qui ouvre
sur de nombreux possibles.
Je connaissais l’histoire de l’avion, le Malabar Princess,
ne serait-ce que par le film éponyme. Je n’avais jamais entendu parler du Boeing
707, Kangchenjunga, qui s’est écrasé seize après, au même endroit, dans le Mont
Blanc. C’est à partir de ce fait que Nicole Giroud a tissé son histoire de fort
belle manière.
Quentin est un écrivain, en panne d’inspiration. Il se
retrouve en Savoie dans la maison de son père et se rend à une exposition. Des
objets d’un accident aérien sont exposés (en creusant le sujet, j’ai d’ailleurs
découvert qu’un homme, Daniel Roche a collecté plus d’une tonne de vestiges des
crashs sur le Mont-Blanc…). Le comportement d’une femme l’interpelle et il
demande à la rencontrer. Elle a reconnu le sari de sa mère dans ce qui est
présenté au public. Ils vont se parler, échanger. Elle va libérer sa parole, évoquant
sa Maman, par bribes (il devinera ou inventera le reste) Il va écrire pour
raconter la vie de Rashna en 1950, là-bas, à Bombay.
Un livre dans le livre se construit sous nos yeux, une mise
en abyme menée de main de maître par l’auteur. Quentin et Anusha, la jeune
indienne communiquent par mails ou lors de rendez-vous. C’est un véritable
dialogue qui s’établit entre l’écrivain et la lectrice qui donne son avis sur
ce qu’elle découvre petit à petit. Sa mère faisait partie des Parsis et
respectait les croyances et coutumes de ce peuple venu de Perse. Mais elle
aimait danser, elle avait envie de vivre libre, de faire des études, de croire
à l’amour…. Difficile à cette époque de s’émanciper, de se libérer ….
Nicole Giroud a su enrichir son texte d’un contexte
historique captivant, amené dans le récit avec intelligence et apportant un
intérêt supplémentaire à l’ensemble. C’est vraiment une réussite car, cela a dû
lui demander de nombreuses heures de recherches et elle a su doser pour trouver
le juste équilibre. Son écriture est adaptée à chaque situation. Au début, c’est
un homme, Quentin, qui s’exprime en disant « je ». Anusha aura la
parole elle aussi et à chaque fois, l’auteur trouve le bon ton, le style en
lien avec le personnage. Les phrases sont courtes, percutantes, porteuses de
sens. Le fil conducteur maintient le rythme et on ne ressent aucun temps mort.
J’ai découvert cette lecture avec un immense plaisir. Les protagonistes
sont attachants pour la plupart, dans leur quête de vérité, de compréhension.
On sent combien les différences de culture, d’époque, de milieu, d’éducation,
peuvent cliver les relations humaines et combien il est difficile de ramer à
contre-courant. De nombreux thèmes sont abordés : l’amour, les secrets de
famille, les différences sociales, le mystère qui a entouré ce crash (une
hypothèse envisage une collision, l’enquête a été tenue secrète longtemps etc….),
la vie des Parsis, ….
Ce recueil a de nombreuses qualités et j’ai eu beaucoup de
plaisir à le lire.
*page 69
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