Little Bird (The Cold Dish)
Auteur : Craig Johnson
Traduit de l’américain par
Sophie Aslanides
Éditions : Gallmeister (7 Juin 2009)
ISBN : 978-2-35178-025-1
430 pages
Quatrième de couverture
Dans le comté d’Absaroka, dans le Wyoming, on retrouve le
corps de Cody Pritchard près de la réserve cheyenne. Deux années auparavant,
Cody avait été l’un des quatre adolescents condamnés avec sursis pour le viol
d’une jeune Indienne, Melissa Little Bird. Jugement qui avait avivé les
tensions entre les deux communautés. Aujourd’hui, il semblerait que quelqu’un
cherche à se venger. Le shérif Walt Longmire est chargé de l’enquête.
Mon avis
« Personne ne peut se faire un gilet pare-balle contre
les émotions, alors, on ne peut que trimbaler les éclats d’obus avec soi. »
Premier volet d’une série où l’on retrouve le shérif Walt
Longmire, je sais déjà que je serai heureuse de relire Craig Johnson.
Non pas que son héros, veuf, m’ait complètement séduite. Il
est un tantinet bedonnant, il boit (trop) de bières, il n’essaie pas de lutter
contre une certaine « nostalgie/déprime » et son côté asocial et «
je-ne-vois-pas-où-est-le-problème » m’a parfois un peu exaspérée tant j’avais
envie de le secouer… Il n’en reste pas moins que cet homme est formidablement
humain, et que l’amitié n’est pas un vain mot pour lui (le passage où il va
récupérer Henry est un pur délice de poésie, de sentiments forts).
Au-delà des faits qui sont racontés dans ce roman, on est
dans une atmosphère particulière évoquée avec beaucoup de délicatesse, de
finesse, de lyrisme par l’auteur.
On vit avec les protagonistes dans les grands espaces du
Wioming, où se côtoient deux communautés : une indienne, une « américaine »,
sachant que les premiers sont logés dans la « réserve ».
Pas facile de vivre avec ses différences et lorsqu’une
indienne juvénile, légèrement déficiente mentale, sera violée par quatre jeunes
« cow boys », ils n’auront pas une grosse peine…Jusqu’au jour où l’un d’eux est
retrouvé mort, tué par balle…
Accident de chasse, vengeance tardive ? Notre shérif se
retrouve confronté à un beau sac de nœuds, d’autant plus que, s’il s’avère que
c’est un assassinat, les suspects peuvent être nombreux, à commencer par son
très bon ami Henry, oncle de la jeune fille et indien….
Il ne s’agit pas d’un de ces romans où les rebondissements
sont légion et où le lecteur n’a pas un instant de répit. C’est d’une écriture
sereine et calme, au faux rythme, que l’auteur nous fait avancer avec Walt
Longmire.
Installant les personnages, tant physiquement que
moralement, mettant au point les différentes relations entre eux (et qui sont
pour la plupart assez subtiles), décrivant sans lourdeur, avec minutie, et sans
jamais lasser les lieux évoqués, paysages, bureaux, saloons ou autres …. Craig
Johnson nous fait pénétrer à petits pas dans l’univers où ses personnages
évoluent.
Le froid et le blizzard semble figer tout cela avant un
dernier rebondissement qui laissera sans doute pantois ceux qui auront la
sagesse ( ce qui n’est pas mon cas ;- ) de ne pas lire la fin…
J’ai beaucoup aimé ce roman, tout d’abord, parce que, depuis
toujours, j’ai un faible pour les indiens, leurs croyances, leurs mœurs et que
ces sujets sont abordés dans ce livre ; ensuite parce que l’enquête tient la
route ainsi que les différentes situations décrites mais aussi et surtout parce
que le style et l’écriture de l’auteur sont « accomplis » dans le sens où il me
semble que les mots sont choisis avec l’intelligence du cœur surtout lorsqu’il
parle d’événements douloureux. On ne se sent jamais en position de voyeur,
d’observateur…il y a un « je ne sais quoi » qui donne l’impression que les
individus nous prennent par la main (et sans aucun doute par le cœur) pour nous
faire partager, au long des quelques pages qui constituent cet écrit, non
seulement leur quotidien, leurs pensées mais aussi un peu de leur âme…
Comme pour certains, elle est tourmentée, on se prend à
espérer trouver des mots, des gestes, des signes, pour les apaiser …
Lorsqu’on referme la dernière page, on reste encore un peu,
le livre en mains pour ne pas les abandonner puis quand on le repose, on le
fait doucement, très doucement, comme si on s’en voulait de les laisser, comme
s’il fallait éviter les mouvements brusques et se retirer sans faire de bruit
….
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