Les oubliés de Londres (This Is How It Ends)
Auteur : Eva Dolan
Traduit de l’anglais par Lise Garond
Éditions : Liana Levi (6 Février 2020)
ISBN : 9791034902316
400 pages
Quatrième de couverture
Un immeuble à moitié vide au milieu d’un vaste chantier de
construction. Quelques occupants, oubliés de tous, qui résistent à
l’expropriation. Un soir, ils célèbrent la sortie d’un livre consacré à leur
combat. Mais tandis que la fête bat son plein, Hella, auteure du texte, et
Molly, auteure des photos, se retrouvent face à l’encombrant cadavre d’un
homme. La décision qu’elles prennent alors va lier leurs destins,
inextricablement.
Mon avis
Dans son dernier roman, Eva Dolan nous offre un excellent
portrait de femmes dans un contexte londonien difficile. Elles sont deux. La
première, Molly, la soixantaine, pourrait être la mère de la deuxième, Hella,
jeune militante qui se bat pour « les oubliés de Londres ». Un livre
est sorti d’ailleurs de la conjugaison de leurs deux talents, photographies
pour Molly, textes pour Hella. Ce recueil est là pour marquer d’une pierre blanche
leur combat pour ceux qui ne comptent plus, les oubliés. Qui sont-ils ? Ce
sont, entre autres, les derniers habitants de l’immeuble où Molly réside, dans
un quartier qui vit une transition. Certains sont déjà partis en échange d’un
peu d’argent, d’autres résistent. Ils ne veulent pas que le bâtiment disparaisse
pour être remplacé par une construction neuve grand luxe. Comment tenir face à
des bulldozers ? Combien de temps encore avant de céder et de craquer ?
Ce soir-là, c’est la fête au dernier étage. L’alcool coule à
flots, l’ambiance est bonne. Hella reçoit des journalistes, des amis, pour
célébrer la parution de son bouquin grâce à un financement participatif. Soudain,
elle appelle Molly au secours car elle se retrouve avec le cadavre d’un homme à
ses pieds. Que faire ? Ne pas ameuter ceux qui sont en haut et agir. Téléphoner
à la police ? Se taire ? Cacher le corps ? En tant qu’activiste,
Hella est déjà connue des services de police et ne peut pas se laisser accuser ….
Elle dit ne pas connaître le mort. Alors, elles vont cacher le corps malgré les
risques qu’entraînent une telle décision. Même dans une maison en partie
désaffectée, tout finit par se savoir et à ce moment-là, que dire ?
Hella est une femme atypique. Son père était policier. Elle
a commencé des études pour suivre la voie familiale avant de tout laisser
tomber au bout de six mois et de se lancer dans diverses batailles menant de
front sa thèse et des actions de révolte. Défense des sans-abris, protection de
l’environnement, rien n’échappe à sa fougue mais c’est surtout dans toutes les
manifestations contre la gentrification qu’elle apparaît le plus souvent,
quitte à payer de sa personne.
Molly, quant à elle, a toujours agi, depuis longtemps. Elle vit seule et n’a pas tissé beaucoup de liens. L’amitié presque maternelle qu’elle éprouve pour Hella fait que cette dernière devient son combat personnel. Elle veut la protéger à tout prix.
Molly, quant à elle, a toujours agi, depuis longtemps. Elle vit seule et n’a pas tissé beaucoup de liens. L’amitié presque maternelle qu’elle éprouve pour Hella fait que cette dernière devient son combat personnel. Elle veut la protéger à tout prix.
Ce roman alterne les chapitres présentant Molly ou Hella « avant »
et « maintenant ». Ce va et vient passé / présent va petit à petit
éclairer le lecteur sur la personnalité des protagonistes. On va apprendre à
les connaître, découvrir leur part d’ombre, leurs travers. Le suspense monte
car plus on avance, plus on se rend compte qu’on ne sait pas tout, que certains
évènements sont troubles et que des personnes mentent. Qui était l’homme décédé ?
Connaissait-il Hella ?
Au-delà des rapports humains parfaitement retranscrits par
Eva Dolan, le contexte évoqué avec un climat tendu entre les londoniens, est
très intéressant. L’auteur a su montrer les différentes émotions ressenties
face à la politique menée par la capitale pour ce qui est de l’habitat. Détresse,
colère, indifférence, peur, les citadins existent, s’expriment et cela n’est
pas sans rappeler des situations connues.
J’ai trouvé cette lecture très proche de la réalité. C’est sombre
et très bien écrit (merci à la traductrice). La fin est emplie de désespérance et
laisse le lecteur pantois. Eva Dolan nous montre l’envers du décor de cette métropole
et cela ne laisse pas indifférent.
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