L’obsession (The Man from Primrose Lane)
Auteur : James Renner
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Caroline Nicolas
Éditions: Pocket (12 Mars 2015)
ISBN : 9782266250559
576 pages
576 pages
Quatrième de couverture
L'homme de Primrose Lane : on ne lui connaissait pas d'autre
nom à Cleveland, Ohio. Sans famille ni amis, il vivait reclus et sortait
toujours pourvu de moufles – été comme hiver-. Quant à son assassinat brutal,
il ne devait qu'obscurcir le mystère... Un sujet idéal pour le célèbre écrivain David Ness, qui sait
pourtant ce qu'il en coûte de se laisser gagner par l'obsession. Il y a quatre
ans, pour un livre-enquête qui fit sa gloire et mit un serial killer en prison,
il ignora les signes avant-coureurs du suicide de sa femme. Mais cette nouvelle
affaire le concerne de près, bien trop près, pour ne pas le replonger dans la
folie. Encore et encore...
Mon avis
« J’ai laissé mon obsession consumer mon âme »
Trois parties, constituées d’épisodes et entrecoupées de
courts interludes composent ce roman
atypique et surprenant.
Tout commence de manière tout à fait classique, un bon
polar, avec les codes du genre, qui nous entraîne à la suite d’un homme dont la
femme s’est suicidée, à la recherche de la vérité. Dès les premières lignes, on
est accroché et on a soif de comprendre.
Le personnage principal, un écrivain veuf qui élève son fils
seul est accro à la Rivertin, un antidépresseur puissant car il souffre de
stress post traumatique et d’anxiété, de là à dire qu’il n’est pas toujours
dans le réel et que sa santé mentale est défaillante, il n’y a qu’un pas…. D’ailleurs, lorsqu’il décide d’arrêter ce
médicament trop fort et de commencer un sevrage, il lui arrive de ressentir des sensations
bizarres, de se croire possédé et d’imaginer entendre des voix… mais tout cela
est dû à sa psychose et il se soigne n’est-ce pas ?
La première partie du roman est plutôt traditionnelle, bien
écrite et prenante. On accompagne ce
pauvre homme dans sa dépression puis dans son sursaut d’orgueil pour réagir et
on attend de voir comment il va s’en sortir. Le présent et le passé
s’intercalent, l’un expliquant l’autre. Et puis, voilà un interlude, bizarre,
mais court, donc on l’oublie assez vite même si on se demande en quoi il peut
bien être relié au reste de l’intrigue.
Bienvenue dans la deuxième partie de cet opus ! Là, vos
certitudes, vos repères volent en éclats… Vous repartez en arrière de quelques
pages… Auriez-vous raté quelque chose ? Oublié un détail ? Lu trop vite ?
Etes-vous à la même époque, dans le réel ou l’imaginaire, dans le monde contemporain
ou dans les souvenirs des personnages ?
« Et nous sommes censés croire qu’un homme que sa propre
thérapeute a prévenu qu’il risquait de confondre la réalité et la fiction….
Nous sommes censés croire que cet homme recherchait la vérité ? »
On s’interroge, comment l’auteur va-t-il retomber sur ses
pieds ? Nous expliquer tout cela ? On est désarçonnés mais toujours captivés,
ensorcelés par le contenu. On continue de lire, persuadés que tout va
s’expliquer, que la logique va refaire son apparition et qu’on rira de s’être
laissés manipuler pendant quelques paragraphes….
Ce livre nous parle d’effet papillon, (« Un simple battement
d'ailes d'un papillon peut-il déclencher une tornade à l'autre bout du monde ?
»), de la chute des dominos qui entraîne des effets calculés ou pas, de
rédemption, d’amour, de volonté de découvrir la vérité jusqu’à
l’obsession…. James Renner aborde ces
sujets d’une façon originale, promenant le lecteur entre différents individus
tous reliés par un fil ineffable …. Chacun d’eux a des idées fixes, des
obsessions qui le hantent, qui régentent son quotidien, le coupant parfois du
monde et de ses familiers, peut-être au risque de se perdre, de les perdre ….
Cela les « nourrit » et les fait exister.
« C’est une perversion, ça relève d’un besoin de contrôle ».
L’écriture est vive, les dialogues pointus, on réalise très
vite que chaque mot, chaque événement, chaque détail a son importance, comme
lorsqu’un immense puzzle se met en place sous nos yeux, dévoilant un paysage
auquel on n’avait pas forcément pensé. Les mises en abyme sont habilement
menées, pensées avec intelligence et
révélatrices d’une excellente réflexion de l’auteur en amont.
J’ai littéralement dévoré ce livre, me demandant
régulièrement comment l’auteur allait être amené à écrire le mot fin (même si,
comme d’habitude, je l’avais lue en premier). Je dois souligner que le côté
inhabituel du texte m’a agréablement surprise, je ne me suis pas ennuyée et
j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture.
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