La machine à brouillard
Auteur : Tito Desforges
Éditions : Taurnada (13 Février 2020)
ISBN : 978-2372580687
217 pages
Quatrième de couverture
Mac Murphy est un soldat d'élite. Mac Murphy est fort. Mac
Murphy est dur. Mac Murphy est fou. Mac Murphy trimbale dans sa tête une
épouvantable machine à brouillard qui engloutit ses souvenirs, sa raison et
l'essentiel de son âme, morceau après morceau. Quand les habitants de Grosvenore-Mine, ce village perdu dans les profondeurs
de l'Australie, se hasardent à enlever la fille de Mac Murphy, ils ne savent
pas à quel point c'est une mauvaise idée.
Mon avis
Avais-je revécu des souvenirs ou bien inventé des songes ?
La couverture de ce roman m’a tout de suite attirée. Elle
est sobre. Elle donne l'idée que quelqu'un est prisonnier mais de quoi? de sa
vie? de ses envies? de ses peurs? d'autres personnes? En fait, elle ouvre de
multiples possibilités ...
Et puis, j’ai fait connaissance avec Mac Murphy. Il a été
soldat avec des états de service remarquables. Affecté à la base secrète de Chu
Mon Rai en territoire cambodgien, il fut d’ailleurs le seul survivant après une
attaque. Mais traumatisé par divers
faits, il a été mis « au repos forcé » parce qu’il ne pouvait plus
être militaire. On le retrouve face à un
docteur, qui l’interroge et à qui il explique ce qu’il a vécu avant d’arriver
vers lui. On voit bien que ses séances sont difficiles tant dans la forme que dans
le fond de ce qui est évoqué. Tous les deux ne se comprennent pas, parfois,
souvent, leurs avis divergent, leurs interprétations des situations ne sont pas
les mêmes. Ce qui ressort de ces dialogues, c’est la grande souffrance de Mac
Murphy. Il raconte son passage à Grosvenore-Mine, dans le bush australien où sa
fille a été enlevée par les habitants. Parfois, il perd pied, il cherche ses
mots, le brouillard envahit son esprit. Il ne sait pas il ne sait plus. Les
lieux se mélangent, il confond le nom des gens, il ne s’en rappelle pas, il s’énerve
de perdre pied, il s’en rend compte, il sait qu’il a ce trouble et ne supporte
pas d’être dans cet état … Le fossé d’incompréhension
qui le sépare du docteur s’élargit de plus en plus ….
Ce roman est parfaitement dosé au niveau des aspects :
passé /présent. La construction est originale, on lit les entretiens entre le
patient, le médecin et son adjoint ainsi que d’autres pages où Mac Murphy prend
la parole et narre à la première personne ce qu’il a vécu. La présentation sous
forme de discussions permet de ne pas avoir de passages qui sembleraient longs
sur le pourquoi du comportement du père. L'explication finale est très claire. Les
différentes références sont astucieuses et bien pensées et apportent un plus à
l’ensemble car, au fur et à mesure, toutes les pièces du puzzle s’emboîtent.
L'écriture est « musclée », elle a du rythme, un
bon tempo. Le phrasé de Tito Desforges m’a pris aux tripes. Il a su m’attraper
le cœur en m’emmenant au plus près de la souffrance de cet homme, père avant
toute chose. J’étais pratiquement prête à lui pardonner ses coups de sang, ses
coups de gueule, ses coups de folie…. Parce que, finalement, ce qu’il formule,
c’est un immense cri d’amour pour sa petite.
C’est un récit qui m’a bouleversée, j’ai touché du doigt la
solitude et la douleur de cet homme, ses angoisses, ses peurs les plus
profondes, j’ai essayé de me protéger pour que son brouillard ne m’envahisse
pas mais j’aurais tellement voulu lui apporter la paix….et lui tenir la main….
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire