La dame de l’Orient-Express (The Woman on The Orient Express)
Auteur : Lindsay Ashford
Traduit de l’anglais par Philippe
Vigneron
Éditions : L’Archipel (12 Mars 20120)
ISBN : 978-2809828191
396 pages
Quatrième de couverture
Octobre 1928. Son divorce lui a laissé un goût amer. Agatha
Christie vient de prendre place sous une fausse identité dans l’Orient-Express.
Rien ne l'oblige à rester en Angleterre pour écrire son dixième roman. Elle a
trente-huit ans. À bord de ce train mythique qui doit la mener à Istanbul, elle
fait la connaissance de deux femmes, Nancy et Katharine. Elles aussi cachent
leur passé.
Mon avis
Librement inspiré d’un épisode de la vie d’Agatha Christie,
ce roman est intéressant et très agréable à lire. En 1928, Agatha a divorcé car
son mari la trompait. Elle fuit à bord du train mythique l’Orient-Express, en
se cachant et en ayant un peu modifié son apparence. Elle a réellement voyagé
de cette façon et a d’ailleurs écrit en 1934, le Crime de l'Orient-Express où
un meurtre commis dans le convoi ferroviaire obligeait Hercule Poirot à mener l’enquête.
La voilà installée dans un wagon, profitant autant que
possible de l’anonymat que lui offre la situation. Elle essaie de se montrer
apaisée bien qu’elle imagine voir son mari partout. Cela l’obsède et elle n’est
pas si sereine qu’elle veut le faire croire. Dans ce lieu magique, très bien
décrit par l’auteur (on se croirait en voyage avec elle), elle fait connaissance
avec deux dames dont une qui va partager sa cabine. Son instinct de femme lui
souffle que ces deux-là cachent quelque chose. L’une dit qu’elle est partie car
son mari était violent, l’autre se rend sur un chantier de fouilles en
Mésopotamie. Divers événements, lors de ce long trajet, vont faire que ces
trois là vont créer des liens, et mettre en place une solide amitié. Une
relation purement féminine comme si les hommes n’avaient pas de place dans leur
trio. De plus, en ce début de vingtième siècle, elles ont une nette tendance
féministe. Suivre leurs actes, leurs raisonnements, leur façon de faire a été
captivant. En replaçant ces trois voyageuses dans le contexte des différents
lieux évoqués, de l’époque, on découvre un pan de vie des personnes confrontées
à diverses problématiques que je ne citerai pas pour ne pas tout dévoiler du récit.
Mais c’est sacrément bien pensé. Ce sont des thématiques abordées avec doigté
par l’auteur à travers une histoire originale mêlant fiction et réalité.
Un point fort de ce livre est également l’approche du monde
des fouilles archéologique. Une atmosphère particulière, le rôle de chacun sur
le terrain et les rapports entre les individus, le lien avec les habitants du
coin, le transport des pièces rares qui sont mises au jour, tout cela a été une
riche découverte pour moi. Je ne sais pas si Lindsay Ashford s’est beaucoup renseignée
sur l’archéologie mais en ce qui concerne la vie d’Agatha Christie, elle a lu
et s’est imprégnée de nombreuses informations qu’elle a su intégrer à son texte
intelligemment, le rendant très vivant et lui donnant « du fond ».
L’écriture de l’auteur est fluide, son propos maintient l’attention
du lecteur. La traduction est de bonne facture, merci à Philippe Vigneron pour
son travail de qualité. Les événements relatés font parfois référence au passé
des unes ou des autres mais tout est clair. J’ai beaucoup aimé la mise en place
des relations entre ces trois dames. Elles prennent le temps de s’observer, de
se connaître, ne se dévoilant que peu à peu. C’est humain, compréhensible. On devine
les difficultés liées aux tabous de l’époque et comment elles choisissent,
parfois, de s’en affranchir. J’ai aimé leur retenue, puis leur espèce de
libération lorsqu’elles se sentaient en confiance. J’ai apprécié qu’elles gardent,
de temps à autre, une part de mystère. Cela permet de les sentir « vraies »,
terriblement humaines, vulnérables quelques fois mais décidées à se prendre en
main, à vivre, et peut-être à tracer le chemin pour les générations futures….
Je ne connaissais pas Lindsay Ashford et c’est une superbe
découverte !
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