Une longue impatience
Auteur : Gaëlle Josse
Éditions : Les Editions Noir Sur Blanc (4 janvier 2018)
ISBN : 978-2882504890
190 pages
Quatrième de couverture
Une femme perd son mari, pêcheur, en mer, elle se remarie
avec le pharmacien du village. Son fils, issu de sa première union, a du mal à
s’intégrer dans cette nouvelle famille et finit par lui aussi prendre la mer.
Mon avis
Je devine que désormais, ce sera chaque jour tempête.
La seconde guerre mondiale est terminée, on est dans les
années 50, en Bretagne. Une femme élève seule son fils car son mari, pêcheur,
est décédé, la mer le lui a pris. Le pharmacien, issu de bonne famille, s’est
déclaré. Malgré la différence de milieu, d’habitudes, elle l’a épousée et s’est
décidée à habiter la belle demeure dont il a hérité. Mais Louis, le fils de sa
première union, a du mal à trouver sa place dans cette « nouvelle
famille ». Il peine à tisser des liens avec le mari de sa Maman. Et un
jour, jeune adolescent, il disparaît, il ne revient pas et le temps passe. Sa
mère l’attend, espère, imagine son retour, pense à ce qu’il vit loin d’elle….
C’est avec une écriture lumineuse, à points comptés,
comparable à une dentelle délicate, une broderie minutieuse, que Gaëlle Josse
nous entraîne dans l’univers de cette femme qui vit dans l’espérance du retour.
On lit sa patience et son impatience. Elle subit les jours l’un après l’autre,
elle imagine les retrouvailles, elle les vit et c’est ce qui l’aide à avancer,
à tenir… C’est une lutte incessante pour elle tant elle souffre.
« Je m’invente des ancres pour rester amarrée à la
vie, pour ne pas être emportée par le vent mauvais, je m’invente des poids pour
tenir au sol et ne pas m’envoler, pour ne pas fondre, me dissoudre, me
perdre. »
Lorsqu’on est mère, on ne peut que s’identifier à cette
femme (d’autant plus que le récit est écrit à la première personne), on comprend
sa douleur, sa hâte à retrouver la chair de sa chair, ce besoin d’exprimer tout
ce qui sera beau lorsqu’il reviendra. Le serrer dans ses bras, l’écouter, le
toucher, cuisiner ses plats préférés, lui parler, le regarder tout simplement
et se repaitre de sa présence ……
Qu’il est long le temps de l’attente, qu’il est beau l’amour
de cette mère, le chemin qu’elle trace pour comprendre la fuite de son fils et
aller vers la résilience familiale.
Un phrasé sublime, un style exquis et un livre inoubliable.
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