"Ce que cache ton nom" de Clara Sánchez (Lo que esconde tu nombre)


Ce que cache ton nom (Lo que esconde tu nombre)
Auteur: Clara Sánchez
Traduit de l’espagnol par Louise Adenis
Éditions: Marabout (26 Septembre 2012)
ISBN: 9782501076470
490 pages

Quelques mots sur l’auteur

Née à Guadalajara en 1955, elle a passé une partie de son enfance à Valencia, avant de s'établir à Madrid. Diplômée de philologie hispanique, elle a longtemps été enseignante, en même temps qu’elle collaborait à de nombreux média, notamment une émission de télévision consacrée au cinéma, et qu’elle écrivait des préfaces aux œuvres d auteurs étrangers comme Mishima. Elle publie en 1989 son premier roman. Ce que cache ton nom obtient le prix Nadal, l'un des plus prestigieux prix littéraires espagnol.

Quatrième de couverture

Sandra, une jeune femme d'une trentaine d'années, a décidé de venir s'installer dans un village isolé de la côte est espagnole. Un peu paumée, Sandra - qui vient de quitter un emploi qu'elle détestait et un homme qu'elle n'aimait pas mais dont elle attend un enfant - ne sait pas quoi faire de sa vie. Alors qu'elle passe de longues heures sur la plage, perdue dans ses pensées, Sandra fait la connaissance des Christensen, un couple d'octogénaires norvégiens installés dans le village depuis des années. Rapidement, le lien qui unie Sandra à ce couple devient plus qu'une simple amitié. Ils la prennent sous leurs ailes, décident de l'aider et la traitent comme la petite-fille qu'ils n'ont jamais eue. Mais un vieil homme tout juste débarqué d'Argentine, Julián, va venir perturber cette union fragile.

Mon avis

« Tu t’en repentiras, quand la vie sera passée et que tu comprendras ce qui était vraiment important. »  (page 305)

Chacun met ses priorités où il le juge bon.

Pour Julián, il s’agit en apparence, de finir sa vie de retraité, tranquille sans trop se disputer avec sa fille. Une lettre de son ami Salva, un vieux monsieur comme lui, installé près d’Alicante l’incite à le rejoindre. Il part et se retrouve confronté à son passé, à cette quête incessante des rescapés d’un camp nazi. Il fait partie d’un groupe qui ne pardonnera pas, qui veut faire endurer aux tortionnaires le pire. Ensemble ou séparément ils traquent et c’est devenu leur raison de vivre. Indirectement, Salva, ancien survivant comme lui, le guide vers ceux qu’il faut punir.

Sandra est une jeune femme d’aujourd’hui, tatouée, piercée, enceinte d’un homme dont elle se demande si elle l’aime toujours… Elle a besoin de faire le point, de prendre du recul et elle atterrit dans la même station balnéaire que Julián.

Ils ne sont pas en ces lieux pour les mêmes raisons mais vont finir par se rencontrer….

Alternant le « je » entre Julián et Sandra, l’auteur leur donne la parole tour à tour pour raconter les faits, donner leurs impressions, faire le point, se poser des questions.

Leur relation est ambiguë, faite d’interrogation, de prudence, de défiance avant que la confiance s’installe. Rien n’est simple, ni pour l’un, ni pour l’autre.

Julián peut-il imposer sa lutte à une jeune femme, enceinte de surcroit, qui pourrait être sa petite fille ? Peut-elle abandonner cet homme âgé qui semble si fragile ?

L’alternance des deux points de vue évite de ressentir un effet de longueur. On pourrait penser que ce livre manque d’action mais il n’en a pas besoin pour vous prendre aux tripes et que vous ressentiez « l’ambiance » doucereuse et nauséabonde s’installer. La manipulation de certains personnages, leur rôle plus ou moins glauque sont très bien décrits. C’est plus un roman qui sonde les âmes et renvoie des questions qu’un livre où tout s’enchaîne très vite.

De plus, il ne manque pas de mettre en scène quelques sujets, qui, bien qu’évoqués dans d’autre opus, renvoient le lecteur à ses réactions personnelles.

Qu’en est-il de l’éternelle jeunesse ? Comment bien vieillir ?

Peut-on oublier la torture, la souffrance, l’injustice, l’horreur ? Vaut-il mieux vivre avec et essayer d’avancer sans trop en parler ou être toujours prêts à se venger, profitant de la moindre opportunité, faisant de sa vie une traque incessante quitte à s’oublier, à abandonner ceux qu’on aime?

Celui qui a fait le mal, comment peut-il se regarder dans un miroir, vivre sereinement ?

Faut-il parler de tout cela aux générations futures et avec quels mots?

Et surtout, comme la phrase que j’ai mise en exergue, quelles sont les bonnes priorités, les bons choix ? Est-ce que parfois, préoccupé par des questions qui nous semblent existentielles, nous ne passons pas à côté de ce qui pourrait devenir le principal dans notre vie: le sourire d’une personne qu’on aime, un ciel étoilé, un coucher de soleil, un repas agréable, un bon livre ?....

Ce livre est bien écrit, l’auteur sait tour à tour, se mettre dans la peau d’un octogénaire, puis dans celle d’une jeune femme enceinte. Le style est intimiste puisque la lecture nous entraîne loin dans les pensées et les raisonnements des deux protagonistes.

La traductrice a su trouver les mots justes et précis pour que l’atmosphère s’appesantisse de pages en pages, nous obligeant à avancer de plus en plus vite jusqu’au dénouement final. C’est peut-être là que je mettrai un bémol; la fin m’a un peu déçue. Je l’ai trouvée trop « facile «  mais cela n’a, en rien, gâché mon plaisir de lecture et je relirai volontiers Clara Sánchez.

 


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