Francesca (Francesca)
Auteur : Lina Bengtsdotter
Traduit du suédois par Anna Gibson
Éditions : Marabout / Black Label (26 février 2020)
ISBN : 978-2501138383
370 pages
Quatrième de couverture
Alors que l'inspectrice Charlie Lager est absorbée par une
grosse affaire à Stockholm, son chef lui demande de prendre du recul car il la
trouve trop impliquée et fragile. Elle décide de se rendre à Gullspang son
village natal où son amie d'enfance est en détresse. Ressurgit alors une
histoire non résolue vieille de presque 30 ans : la disparition sans trace de
Francesca, une jeune fille de bonne famille. Et Charlie découvre les
répercussions de cette affaire dans son propre passé familial.
Mon avis
Lina Bengtsdotter a vécu à Gullspång, une petite ville de
mille habitants environ. Elle évoque un lieu où le chômage, la précarité et ses
conséquences rendent la vie difficile à ceux qui y résident. Certains fuient,
d’autres restent et s’en sortent, mais une part des résidents flirtent avec
l’alcool et une vie pas toujours très nette. C’est dans ce contexte délicat que
se situe la nouvelle intrigue de l’auteur. Comme pour son premier roman, elle
parle de la disparition d’une adolescente et c’est Charlie Lager qui mène
l’enquête. Charlie est un personnage récurrent, on la retrouve pour la deuxième
fois. Elle est policière, basée à Stockholm et a passé son enfance à Gullspång.
Une de ses amies, restée sur place, l’appelle au secours et elle va la
rejoindre. Son chef lui a d’ailleurs demandé de se mettre un peu en recul du
travail, car elle est fatiguée. C’est donc l’occasion d’aller donner un coup de
main à son ancienne camarade, d’autant plus qu’elle vient de lire un article
sur une affaire de disparition datant de 1989 qui s’est produite là-bas. Elle y
voit une opportunité d’essayer d’en savoir plus et qui sait de trouver des
réponses. Comme elle a besoin d’être sans cesse en mouvement, ses recherches
l’occuperont, le temps que sa copine reprenne le dessus.
Lorsque Charlie arrive chez sa copine Susanne, c’est la
panique, les enfants (tous des garçons) font un peu n’importe quoi. Leur mère
est épuisée, la vaisselle sale s’accumule et rien ne semble tourner rond. Petit
à petit, Charlie prend les choses en main et un équilibre s’installe. Ça va
mieux et elle peut fouiner dans le passé
pour comprendre comment et pourquoi Francesca a disparu en 1989. Que s’est-il
passé ? On n’a jamais retrouvé son corps et sa famille a choisi de déménager.
On ne devrait pas remuer les eaux dormantes, parce que,
souvent, au fond, il y a de la boue et lorsqu’on la touche, elle remonte à la
surface …. On ne devrait peut-être pas fouiller le passé, ou alors avec
beaucoup de précaution car c’est risqué. On ne sait pas ce qu’on va découvrir,
ce qu’on va apprendre et les conséquences qui vont en découler… Tout ça,
Charlie n’est pas sans l’ignorer mais elle n’en tient pas compte. Lorsqu’elle a
une idée dans la tête, elle ne lâche rien, elle s’obstine, quitte à se mettre
en danger, sans penser que ce qu’elle va révéler au grand jour risque de la
blesser, voire de la choquer ou de la bouleverser.
Ce roman qui alterne les passages entre passé et présent,
est complété par des « failles temporelles », où l’on voit les événements sous
un autre angle. La construction est habile, vraiment réfléchie et travaillée.
Rien n’est laissé au hasard, tout finit par s’emboîter à la manière d’un
gigantesque puzzle sans modèle. En effet, en commençant ce livre, on n’a aucune
idée de ce qui va être révélé et c’est du lourd. Je ne sais pas comment Lina Bengtsdotter s’y
prend pour construire ses histoires mais je suis totalement bluffée, elle nous
emmène sur un tas de pistes, on se demande où on va et puis petit à petit, les
situations se recoupent, tout s’ajuste, s’explique. Le style et l’écriture sont
riches, complexes mais pas compliqués. Les personnages sont bien décrits, leur
part d’ombre est révélée par bribes. Les rebondissements arrivent par étapes,
au gré des investigations de Charlie.
J’aime beaucoup cet auteur. Au-delà de l’enquête, il y a une
réelle approche sociale de la population, du mode de vie et de ce que cette
façon de faire peut entraîner, notamment chez les adolescents.
J’ai vu, qu’en Suède, un troisième livre était sorti, j’ai
hâte qu’il soit traduit (merci d’ailleurs à Anna Gibson).
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