"La petite fabrique du bonheur" d'Alice Quinn


La petite fabrique du bonheur
Auteur : Alice Quinn
Éditions : Alliage (15 Mai 2020)
ISBN : 9782369100430 
400 pages

Quatrième de couverture

Meryl est une jeune danseuse brisée en plein élan par un accident. Elle devient serveuse à La Petite Fabrique, café fréquenté par des personnes meurtries par l’existence. Ce récit de destins entrecroisés, tissé d’émotions, se déroule au temps du coronavirus, acteur involontaire qui s'est introduit sans prévenir dans le roman comme dans notre quotidien.


Mon avis

Alice Quinn a écrit ce roman entre Janvier et Mai 2020. C’est important pour comprendre. Comme dans notre vie pendant cette même période, un inconnu s’est invité dans son récit. COVID 19, le « fameux coronavirus » a sans doute modifié son histoire comme il a modifié nos vies.

Au départ, c’est l’histoire d’une jeune femme, Meryl, qui a eu un accident alors qu’elle postulait pour une prestigieuse école de danse. Sérieusement blessée, elle essaie de redonner du sens à sa vie et trouve un emploi dans un café : « La Petite Fabrique ». C’est un lieu improbable comme il en existe parfois dans la vraie vie, avec des patrons qui essaient de ne pas vendre trop cher les boissons et les pâtisseries, qui donnent une vraie place à chaque client, une écoute et un échange mais qui, de ce fait, galèrent financièrement. Dans cet espace, pas mal de personnes gravitent, d’autres vont arriver petit à petit et il y a ceux qui en dehors, auront un lien avec l’un ou l’autre des protagonistes que l’on découvre au café.

L’auteur rend rapidement tout ce petit monde très humain, très « visuel », ils deviennent vite des familiers du lecteur La logeuse italienne de Meryl, très au fait de l’actualité parle d’un virus mais les médias et gouvernants français expliquent qu’il ne faut pas s’inquiéter. Le lecteur découvre les réactions des uns et des autres…. C’est hyper réaliste, ancré dans ce qu’on a vu et entendu depuis des semaines. Au passage, Alice Quinn écorche les contradictions de nos hommes politiques, leurs mensonges, leurs silences coupables, leur façon de détourner la conversation ou les questions quand ça les dérange. Elle nous rappelle que des hommes et des femmes se sont battus, ont manifesté pour l’hôpital et que…. vous connaissez le résultat…. Les références sont nombreuses et malheureusement véridiques. La grande force de l’auteur a été de les intégrer à son histoire. Je trouve ça très bien fait et astucieux, parce que, l’air de rien, grâce à son livre, on gardera une trace de certaines absurdités surprenantes dont la plus forte a été : allez voter, ça ne craint rien pour le lendemain dire : restez chez vous…. Pour autant, ce n’est pas un livre politique, Alice ne se pose pas en justicière masquée (c’est le cas de le dire), elle présente des faits, des phrases, des réflexions qu’on a tous vus ou entendus et qui nous ont fait (ou pas ) bondir. Et comme c’est glissé au milieu des chapitres où nous suivons Meryl et ceux qu’elle côtoie, ça reste léger. Néanmoins le message est là.

Dans ce recueil, les personnages évoluent tout doucement, à leur rythme, comme s’ils prenaient en compte leurs besoins, leurs désirs et se mettaient à oser. Ils avancent vers un mieux être pour la plupart et c’est normal le but d’un texte feel good, c’est de nous faire du bien. J’ai particulièrement apprécié deux éléments : des individus crédibles, humains avec leurs forces et leurs faiblesses, qui, pour la plupart, croient en l’Homme ; et un contexte particulier, celui de l’approche du confinement avec un panel de réactions, comme nous l’avons réellement vécu. Tout cela donne un ensemble équilibré, abouti et porteur de sens. L’écriture est délicate, teintée d’humour de bon aloi. Le style est fluide et c’est un très bon moment de lecture. Il n’y a pas de mal à se faire du bien et cet opus met de bonne humeur, ce n’est pas négligeable, n’est-ce pas ?

Cassiopée qui a été confinée, masquée mais jamais résignée

NB : Ce roman concourt pour Les Plumes Francophones.


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