La proie (Prooi)
Auteur : Deon Meyer
Traduit de l’Afrikaans par Georges Lory
Éditions : Gallimard (13 Août 2020)
ISBN : 978-2072857751
578 pages
Quatrième de couverture
Au Cap, Benny Griessel et Vaughn
Cupido, de la brigade des Hawks, sont confrontés à un crime déconcertant : le
corps d'un ancien membre de leurs services, devenu consultant en protection
personnelle, a été balancé par une fenêtre du Rovos, le train le plus luxueux
du monde. À Bordeaux, Daniel Darret, ancien combattant de la branche militaire
de l'ANC, mène une vie modeste et clandestine, hanté par la crainte que son
passé ne le rattrape.
Mon avis
« Nous sommes en miettes, nous sommes fragiles, mais nous
sommes fondamentalement bons. »
Deon Meyer est un écrivain courageux. Il s’appuie sur ses
romans et ses personnages de fiction pour dénoncer les errances du gouvernement
de son pays : l’Afrique du Sud. Il évoque la corruption, le racisme, une
police coupée en deux : ceux qui sont « pourris » jusqu’à la
moelle, ceux qui essaient de tenir tête, de combattre, de trouver du sens à ce
qu’ils vivent. Mais ceux-là sont cassés, brisés. Ils portent l’héritage de
Mandela, sa lutte est devenue la leur mais que c’est difficile pour eux. Comment
continuer à avancer, croire que demain, peut-être, les faits seront
différents ? Que les hommes cesseront leurs exactions ? Que faire
face à la kleptocratie ?
Ce récit se déroule principalement en Afrique du Sud et à
Bordeaux avec un passage par Amsterdam et par Paris.
En Afrique du Sud, un homme a été jeté par la fenêtre d’un
train de luxe. Il était consultant en protection personnelle mais avant il
travaillait en lien avec la police. Ce sont donc deux anciens
« collègues » qui vont être chargés de l’enquête : Benny
Griessek et Vaughn Cupido. Deux hommes avec des quotidiens amoureux pas simples
mais qui s’épaulent, s’écoutent.
À Bordeaux, un homme, Daniel Darret. Il a été membre de l’ANC
Congrès national africain (en anglais : African National Congress), parti qui a
permis à Nelson Mandela d’être à la tête du pays. Il s’est installé en France
pour se faire oublier, ne pas laisser de trace derrière lui et surtout ne pas
permettre à son passé de le rattraper car il était rattaché à la branche
militaire de l’ANC. Il sait donc se battre, tuer, fuir et tous ses sens sont
aiguisés mais il se fait très discret, transparent, jusqu’au jour où … une
femme se fait agresser devant lui et il l’aide à sa façon… On comprend alors que
Daniel n’est pas un homme ordinaire. Son passé va nous être dévoilé petit à
petit. Pourra-t-il le tenir à distance ?
Daniel, Benny et Vaughn sont des personnages attachants. Chacun se veut fort mais chacun a des passages plus délicats, où le désespoir peut prendre le dessus, où il est nécessaire de trouver une raison pour continuer à avancer. J’aime ces protagonistes emplis d’humanité, prêts à tout pour les causes qui les « habitent », qui parfois se découragent mais trouvent la force de rebondir.
Deux lieux, deux intrigues qui finiront par se rejoindre,
s’imbriquer pour ne faire qu’une.
Du rythme, des rebondissements, une fin un peu rapide, sans doute pour
maintenir l’intérêt du lecteur mais un texte maîtrisé (bien traduit, merci à
Georges Lory), ficelé, cadré.
L’auteur rappelle que la plupart des hommes de pouvoir sont
corrompus et compromis quel que soit le niveau où ils interviennent. Ils n’ont
plus beaucoup de crédibilité mais ils continuent d’imposer leurs vues car ils
sont très nombreux …. Et d’autres luttent pour la liberté car ça n’a pas de
prix….
J’ai vraiment apprécié cette lecture. Aucun temps mort, de
l’action, un fond « politique » intéressant qui donne de la
profondeur à tout ce qu’on découvre. Rien n’est anodin, l’auteur maîtrise la
construction d’un polar à double entrée avec deux histoires qui se rejoignent.
C’est une organisation au cordeau, parfaite et pour ce qui est de l’aspect
politique, il sait parfaitement (et malheureusement) de quoi il parle…. Il y a
encore du chemin sur la route du respect, de la tolérance, des droits de l’homme….
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