La palette de l'ange
Auteur : Catherine Bessonart
Éditions : de l’Aube (6 Mars 2014)
ISBN : 978-2-8159-0924-2
256 pages
Quatrième de couverture
« Il avait besoin de lire l’effroi dans ses yeux pour
oublier le sien. Quand son souffle se faisait court, il respirait mieux. Il sut
tout de suite qu’il ne lui survivrait pas. »
Le commissaire Chrétien Bompard est chargé d’une affaire épineuse : plusieurs
meurtres extrêmement ritualisés sont perpétrés dans la capitale. Les victimes
ne semblent pas avoir été choisies au hasard et pourtant, elles n’ont à
première vue rien en commun… Et pour ajouter encore au trouble, Bompard s’émeut
de la découverte d’un adolescent pendu dans la forêt d’Orléans et de la
disparition d’une jeune femme. Leur sort est-il lié aux meurtres ? Quel sera le
dénouement de cet imbroglio ?
Mon avis
Chrétien Bompard est un nouveau venu parmi les commissaires
dans le paysage français.
Sa créatrice aussi d’ailleurs …
Face à plusieurs événements, pour le moins déroutants, ce
brave homme va se retrouver à mener l’enquête ou plutôt les enquêtes car s’il y
a de temps à autre des points communs, les certitudes ne s’installent pas dès
les premières recherches. Accompagnés de ses fidèles adjoints : Grenelle et
Machnel, il va arpenter le terrain, décortiquer les faits, noter, croiser les
indices, émettre des hypothèses, disséquer tout ce qu’il observe. L’esprit
toujours en mouvement, il réfléchit mais se laisse parfois aller à quelques
digressions silencieuses qui laissent pantois son entourage (du style : long
silence, regardant par la fenêtre, le dos tourné…..les collègues ne voient que
le dos, faut-il rester, sortir, se taire, parler ???) et celles-ci sont très
souvent un vrai régal permettant de glisser une référence poétique, un titre de
chanson, une remarque, un souvenir…. Ce fonctionnement m’a beaucoup plu car
ainsi, Chrétien Bompard reste un homme simple, avec ses failles, ses
hésitations, son humanité….
J’ai beaucoup apprécié la façon dont il met son raisonnement
en place, il ne se précipite pas, il essaie de mettre des « signes » pour à
bout pour comprendre, l’intrigue occupe son quotidien mais ses pensées sont
également bien prises par Mathilde son ex-femme…. C’est un personnage
attachant, solide, opiniâtre, dont on sent qu’il pourra s’étoffer au fil du
temps….
L’écriture est fluide, et l’auteur sait faire preuve
d’humour de temps à autre :
« L’adolescent avait viré au rouge et semblait
hésiter entre l’huître autiste et la
tomate en fin de parcours. »
Les dialogues sont intéressants car ils peuvent apporter un
éclairage différent sur ce qu’il se passe mais aussi sur les particularités de
certains protagonistes qui se « dévoilent » ainsi un peu plus. D’autre part,
les trois policiers ayant des caractères bien différents leurs conversations
sont quelques fois très amusantes. Les chapitres sont assez courts et donnent
un bon rythme à l’ensemble. Quelques uns, très courts, nous montrent l’envers
de la médaille, le côté du tueur et cela fait froid dans le dos….. A côté de
ça, Catherine Bessonnart n’oublie pas de « creuser » la personnalité des
individus qui peuplent ce roman, les cernant petit à petit et au fur et à
mesure que le cercle se rétrécit autour de chacun, notre connaissance s’affine,
jusqu’au dénouement final. C’est un procédé qui évite toute lassitude au lecteur
et qui permet d’esquiver une lecture trop « linéaire ». On passe de l’un à
l’autre et de pages en pages, les fils reliant les événements se comprennent et
se dénouent malgré l’enchevêtrement (parce qu’on suit les raisonnements du trio
et ce n’est pas une mince affaire, ils s’égarent et nous embrouillent parfois…)
Pour employer une expression quelque peu galvaudée, on sent
que Catherine Bessonart en a encore sous le pied et que ses futurs livres
gagneront encore en consistance et en profondeur et j'aurai plaisir à retrouver
"son" commissaire.
Une fois n’est pas coutume ; j’ai beaucoup apprécié la
couverture, sobre mais bien pensé à mon sens. Le papier, légèrement jauni et un
peu rêche m’a enchantée peut-être parce qu’il avait un petit air de recyclé qui
a séduit l’écologiste que je suis ?
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