Les étoiles, la
neige, le feu (The Stars, the Snow, the Fire)
Mémoires du Grand Nord
Auteur: John Haines
Traduit de l’américain par Camille Fort
Éditions : Gallmeister (1 Octobre 2020)
Première publication par le même éditeur sous le titre « Vingt-cinq ans de
solitude » en 2006
ISBN : 9782351787670
266 pages
Quatrième de
couverture
Dans les étendues
vierges de l'Alaska, déchiffrer la nature sauvage est une question de survie.
Couper du bois, tracer une piste, piéger une marte, dépecer un élan, faire
provision de saumon, affronter l'hiver arctique : pendant vingt-cinq ans, John
Haines a vécu dans une cabane isolée perdue dans le Grand Nord.
Mon avis
John Haines est
né en 1924 (décédé en 2011). Après des études d’art et de peinture, à
vingt-trois ans, il achète une propriété en Alaska. Pendant vingt-cinq ans, à
partir de 1947, il passera beaucoup de temps là-bas, parfois avec une femme (mais
c’est rare) le plus souvent seul en compagnie de chiens, en rencontrant
épisodiquement quelques voisins. Ce recueil, publié à l’origine en 1989 est le
récit de ce qu’il a vécu pendant cette période.
Peintre, poète et
écrivain, John Haines utilise tous ses talents pour ces « mémoires ».
Il fait battre le cœur profond de la terre, il explique comment en vivant à son
rythme, en respectant ce qu’elle est, on peut ressentir une profonde harmonie.
Ode à la nature, ce livre se savoure, se mérite. On écoute la neige crisser
sous les pas, on entend les feuilles bruisser au printemps, on observe l’écureuil
volant, le ciel étoilé. On avance calmement, en profitant du moment
présent. On pourrait croire que rien ne
se passe mais si, lentement, aussi sûrement que le jour revient après la nuit,
les hommes vivent et apprennent les uns des autres. Et l’auteur nous conte ses expériences.
Il a appris à chasser, à vivre de peu, à apprécier chaque chose à sa juste
valeur. Il défriche, il bâtit. Parfois il repart. « Pendant un temps,
je retournai au monde des villes et des citadins, des livres et des écoles :
une autre partie de la forêt, qui possédait aussi ses pièges et ses leurres. »
Haines parle de
ceux qui sont passés, de certains qui ont disparu, d’autres qui ont partagé une
pratique avec lui, une discussion ou un silence. Il y a des histoires dans son
histoire. Des liens se nouent, se créent mais sans obligation. Ce n’est pas
linéaire mais peu importe, on le suit et on découvre à ses côtés. Son écriture
(merci à Camille Fort pour la traduction) a un souffle épique. On sent un homme
empli de sérénité, heureux de ce qu’il vit, corps et esprit en harmonie. Un
sage qui ne fait pas la leçon, qui n’en rajoute pas, le ton reste juste, vrai.
Il vit des choses simples qui paraissent extraordinaires, parce que, sans
doute, on a tendance à oublier que la vie palpite partout, quand on est « mangé »
par notre quotidien et que son texte nous le rappelle de bien belle manière.
Dans sa quasi
solitude, John Haines se sent merveilleusement bien. « Je suis ici et
nulle part ailleurs. » Il a choisi de vivre cette vie, de cette façon
là et ses amis lui semblent loin, très loin. Il ne ressent pas de manque parce
qu’il est en paix, avec lui-même et avec ce qui l’entoure.
J’ai eu un coup
de cœur pour cet opus. J’ai aimé les descriptions qui se construisaient sous mes
yeux comme si elles étaient créées à coups de pinceaux, je me suis délectée des
phrases, des mots, qui se sont glissés sous mes yeux comme un poème, un chant d’amour
pour la nature, j’ai apprécié le rythme, le tempo qu’offrent les chapitres. L’essence
de la vie est magnifiée par le phrasé de cet écrivain. "Pour qui vit
dans la neige et l'observe jour après jour, elle se lit à livre ouvert. Les
pages se tournent au souffle du vent. Le même texte s'écrit là depuis des
milliers d'années..."
La couverture superbe,
les illustrations magnifiques, épurées mais très expressives que l’on trouve ça
et là, complètent à merveille cette lecture hors du temps. Elle fait du bien et
distille de la quiétude.
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