Le carnaval des ombres (Carnival of Shadows)
Auteur : R. J Ellory
Traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau
Éditions : Sonatine (3 Juin 2021)
ISBN : 978-2355843747
610 pages
Quatrième de couverture
1958. Un cirque ambulant, avec son lot de freaks,
d'attractions et de bizarreries, vient de planter son chapiteau dans la petite
ville de Seneca Falls, au Kansas. Sous les regards émerveillés des enfants et
des adultes, la troupe déploie un spectacle fait d'enchantements et
d'illusions. Mais l'atmosphère magique est troublée par une découverte macabre
: sous le carrousel gît le corps d'un inconnu, présentant d'étranges tatouages.
Dépêché sur les lieux, l'agent spécial Michael Travis se heurte à une énigme qui
tient en échec ses talents d'enquêteur.
Mon avis
1958, dans une petite ville du Kansas, un cirque est
installé. Pas d’animaux et de tours « classiques », non, c’est plutôt
un ensemble de personnages atypiques. Très grands, très maigres, trop de
doigts, lisant dans les pensées, etc. Tous semblent posséder un petit quelque
chose en plus, qui les différencie du commun des mortels. Pouvoir surnaturel,
observation fine de chaque spectateur ou tricherie ? Quelle
importance ? L’essentiel n’est-il pas d’être emporté, bluffé par le
spectacle proposé ? D’ailleurs certains habitants de la bourgade en
redemandent. The Show Must Go On ? (Le spectacle doit continuer), et bien
non. Un cadavre vient d’être découvert sous le carrousel et une enquête est
diligentée.
Pour celle-ci, on promeut l’agent spécial Michael Travis. Il
devra chercher seul, interroger les gens du cirque, mener ses investigations discrètement
et ne rendre compte qu’à un de ses supérieurs. Agir en solitaire ne le dérange
pas, il est plutôt introverti, secret et il se mêle peu aux autres.
Travis va devoir trouver et expliquer ce qui s’est passé. Le
lecteur le suit dans ses entretiens, ses observations, ses déductions. Mais
tout cela lui renvoie beaucoup de souvenirs plus ou moins nets, des rêves qu’il
ne sait pas toujours interpréter. Tout son passé remonte à la surface. Son
parcours depuis son enfance jusqu’à maintenant est mis à nu. Ne nous leurrons
pas, ce n’est pas l’enquête le principal attrait de ce roman, c’est bien la
personnalité de Travis, son histoire personnelle qui rend ce récit intéressant
et très original. Mais en « revisitant » sa vie, Travis prend le
risque d’être secoué, bouleversé.
« Vous savez qu’il y a un lien entre accepter la
douleur et voir la vérité. »
« Un homme naissait-il avec une identité propre, ou bien était-il le
produit de son environnement ? »
Il a peur. Son père était un violent, a-t-il hérité de ses
gênes ? Sa relation aux autres est-elle faussée ? Il a l’impression que ceux qui le regardent
le connaissent mieux qu’il ne se connaît lui-même… Il a besoin de savoir, de
comprendre. Sa vie difficile a limité ce qu’il s’autorise à ressentir. Il ne se
lâche jamais, maîtrise ses émotions et ne montre rien. Il a besoin de solitude
pour se sentir bien, en paix et en même temps, c’est dans ces moments-là que
les vieux démons se rappellent à lui et c’est douloureux.
Parallèlement à tout ça, il y a ce monde du cirque où
certains participants semblent en savoir beaucoup (trop ?) sur lui et sur
ses collègues et chefs. Des secrets, des non-dits, en lien avec un passé d’organisation
criminelle, voire de mafia ? Travis ne sait plus où donner de la tête
surtout quand les indices récoltés sont maigres ou les informations bloquées volontairement
dans des archives. Il lui faudra mettre en œuvre énormément d’énergie, de
doigté pour cerner tout ce qu’on lui tait et dont il a besoin pour élucider le
mystère de cet homme mort.
Je suis une habituée de l’auteur. Il sait se renouveler avec
chaque nouveau livre. Son écriture (merci à son fidèle traducteur) monte en
puissance au fil du temps, le contenu est de plus en plus complexe, liant
plusieurs aspects. Il sait rendre les situations très visuelles, camper une
atmosphère qui vous prend à la gorge, présenter des protagonistes qui sortent
de l’ordinaire et raconter une histoire captivante. Si on peut reprocher une fin un peu tirée par
les cheveux, il n’en reste pas moins que ce recueil est un excellent cru.
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