Le péril bleu
Auteur : Maurice Renard
Éditions : Archipoche (26 août 2021)
Première publication en 1910
ISBN : 979-1039200165
450 pages
Quatrième de couverture
Depuis plusieurs nuits, dans la campagne du Bugey, des
monuments sont vandalisés, des bêtes et des personnes disparaissent. Les
habitants de ce secteur du Jura ne voient qu'un coupable plausible : les "
Sarvants ", créatures malveillantes du folklore local.
Mon avis
L’auteur de ce roman de science-fiction est né en 1875.
Après des études de droit, il se destinait au barreau. Mais il n’était pas très
motivé et écrivait des nouvelles avec un certain succès. Il s’est alors mis
plus sérieusement à l’écriture et a rédigé des romans dont certains ont été adaptés
au cinéma.
« Le péril bleu » est son troisième titre. A l’époque
on le compare aux écrits de H.G. Wells, une très bonne référence. Le récit
tombe dans l’oubli, est réédité en 1955 (avec des passages tronqués) puis d’autres
fois. Les éditions de l’Archipel viennent de le remettre au goût du jour dans
leur collection Archipoche. Ce format convient bien à ce texte, facile à
transporter avec soi, car comme il est addictif, on n’a pas envie de le lâcher.
Mais qu’en est-il d’une histoire datant de 1910 ?
Comment a-t-elle vieilli ?
Nous sommes dans le Jura, plus précisément dans le Bugey.
Depuis quelque temps, des événements bizarres surviennent et déstabilisent la
population. Objets volés, plantes ou branches coupées, animaux disparus, jamais
deux fois les mêmes, jamais deux fois aux mêmes endroits. Des farceurs ?
Les « Sarvants » (sorte de trolls dans le folklore local) ? Des
travailleurs qui ne sont pas du coin ? Chacun y va de sa supposition et les
spéculations sont très nombreuses. Des tours de garde sont organisés mais
impossible de coincer les malotrus, ils semblent se glisser chaque fois où on
ne les attend pas. D’ailleurs de quels moyens disposent-ils ? Il est
surprenant de ne pas les voir agir avec une grande échelle lorsqu’ils vont
voler une girouette haut placée sur un toit….. Et puis, un jour, ce sont des
êtres humains qu’on ne retrouve pas. Là, c’est la panique. Kidnapping,
disparition volontaire, accident ? On accuse, on suppute, on enquête, on
suppose et surtout on a peur. D’autant plus que les derniers disparus sont des
gens de la bonne société, liés à un grand astronome, Monsieur Le Tellier. Et si
demain, c’était ma famille ?
Au début, on reste dans le Bugey, les superstitions ont bon
dos, et tout le monde pense que l’affaire va se régler d’elle-même. Puis la
situation évolue, l’angoisse va crescendo. Il faut en parler à Paris. Les gens
de la capitale regardent ça de loin, ne sont pas décidés à se bouger. Les
habitants du Bugey aimeraient qu’on les écoute, qu’on prenne en considération
leurs demandes…
L’histoire se partage entre une enquête policière (ah, la
petite moquerie de l’adepte de Sherlock Holmes, que c’est drôle), texte fantastique
bien dosé et réflexions sur les liens de l’homme avec la science, son sentiment
de supériorité sur le monde du vivant et sur les choix de vie de chaque
personne (est-il possible de s’opposer aux volontés de sa famille ?).
Si les méthodes d’investigation sont désuètes, le texte en
lui-même se lit bien sans le sentiment de se trouver face à un vocabulaire de « vieux »
ou des remarques totalement dépassées. Au contraire, c’est intéressant d’observer
les réactions des hommes et des femmes de cette époque face à des phénomènes qu’ils
ne peuvent ni expliquer, ni maîtriser. Rien n’a vraiment changé…
Je n’avais jamais entendu parler de Maurice Renard et ce
recueil a été une très belle découverte. C’est de la science-fiction comme je l’aime
avec un univers réel d’hommes et de femmes ordinaires et quelques faits qui les
dépassent, car totalement irrationnels. L’écriture fluide, les rebondissements
réguliers maintiennent l’attention du lecteur qui aura des explications et des
révélations dans la dernière partie de cet opus.
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