Le troisième jour
Auteur : Chochana Boukhobza
Éditions : Denoël
(19 août 2010)µ
ISBN : 978-2207101568
420 pages
Quatrième de couverture
Elisheva, musicienne connue dans le monde entier, et Rachel, son élève violoncelliste, arrivent de New York pour un concert à Jérusalem, en 1990, un matin de khamsin. Tandis que Rachel retrouve sa famille, ses amis et un amour perdu, Elisheva prépare une très secrète entreprise. À l'hôtel, elle rencontre Daniel, un chasseur de nazis, et sur l'esplanade du Temple, Carlos, qui travaille pour le Vatican. Survivante des camps, puisant sa force dans la musique et la colère, Elisheva a embarqué les deux hommes dans son aventure. Sur l'échiquier de Jérusalem, deux histoires se superposent, l'une errante, qui ressuscite les blessures de l'enfance et l'intrigue amoureuse, l'autre pleine de la promesse faite aux morts. Dans un roman où chaque personnage livre sa vérité, Chochana Boukhobza tisse sur trois jours une aventure haletante dont Jérusalem, avec ses parfums et sa lumière intense, est le centre.
Mon avis
Ce livre s’appelle « Le troisième jour » … et je le finis le troisième jour …
coïncidence …
Une belle couverture avec, sur un bandeau, une photo de Jérusalem, presque
dorée qui invite à aller plus loin ...
Ce roman est découpé en quatre parties : premier cantique, deuxième cantique, troisième
cantique, dernier cantique (plus petit que les autres, une sorte de
"conclusion"). Dans chaque partie, les personnages sont évoqués tour
à tour; lorsqu’il s’agit de Rachel, c’est elle qui « parle », elle dit « je ».
Premier jour : Je viens de commencer ce livre et déjà quelques phrases
se détachent pour mes cahiers à spirales. « Elle a besoin de faire naître le
son, d’entendre l’âme de l’instrument. »
Je lis une cinquantaine de pages et ma première impression est bonne : justesse
du vocabulaire, clarté et précision des événements. Je m’attache déjà à Rachel,
perdue lorsqu’elle revient chez les siens. New York, où elle vit, étant si
différent de Jérusalem où sont (étaient ?) ses racines…. Rachel partie loin des
siens avec Elisheva "pour la musique" … « Il y a des jours où je lui
en veux, à cette femme, de t’avoir éloignée. Et des jours où je la bénis pour
t’avoir ouvert la route d’un rêve. » dit la mère de Rachel.
Deuxième jour : C’est avec plaisir que je retrouve les personnages,
d’autres se rajoutent mais chacun est clairement défini et il n’y a aucune
confusion possible. Ces personnages ont des zones d’ombre, des souffrances
cachées, des failles ….. Je note d’autres phrases. «Ces années passées au
loin….. Pour n’obtenir qu’une mince couche d’oubli, et peut-on dire qu’il y a
oubli quand la souffrance et le désir sont encore vifs et sonores ? » Je suis
dans le deuxième cantique et je n’ai pas envie de fermer ce livre … Il a une
vie, un rythme. Il est « présence » …
Troisième jour : Je termine le deuxième cantique et emporté par
l’ambiance de ce roman, je ne peux plus m’arrêter, j’enchaîne le troisième puis
le dernier cantique. Plus je m’approche de la fin, plus le rythme s’accélère.
Pas du tout, comme un auteur qui voudrait se débarrasser de ces personnages,
non, plutôt comme un auteur qui ne « tiendrait » plus ces personnages parce
qu’ils auraient pris vie. Je n’entends plus un auteur me parler à l’oreille en
voix off lorsque je lis, je « vois » chacune des personnes habitant cette
histoire … Je suis « dans » le livre … Si je m’arrête pour boire un thé, ils
sont encore en moi, j’ai envie de les retrouver …
Conclusion :
La musique est omniprésente dans ce livre, Rachel parle de son père en termes
musicaux :
« Mon père est incarné par deux thèmes qui s’opposent. Le premier « boum
boum » bas et heurté …. Un mouvement scandé, décalé …. Le second, long, lent,
tout en douceur, résume sa relation à Dieu ……deux notes qui se renouvellent
pour suggérer le rythme de la prière…. »
L’instrument est « humanisé » :
« Tu ne seras plus jamais seul. Ton instrument t’accompagnera dans la joie
et dans la peine. »
L’écriture est belle, poignante, tissée d’un vocabulaire choisi mais jamais
ostentatoire.
Chaque mot, chaque adjectif, chaque verbe apporte une précision, un éclairage
sur ces tranches de vie qui vibrent sous nos yeux…. Chaque personnage mène un
combat, contre d'autres, contre lui-même parfois, contre le passé omniprésent
chez chacun qui parfois nous rattrape, contre ses "démons" ....
Le rythme s’accélère au fur et à mesure que le dénouement se rapproche …. comme
une partition jouée à plusieurs … parce que chaque personnage devient plus
présent, plus vivant, plus enraciné dans ce roman …
Je suis admirative de Chochana Boukhobza, elle a su
donner d’elle-même tout en s’effaçant pour faire vivre son récit ….
Son livre est vivant …
Je n’oublierai pas cette Rencontre .... un coup de coeur ...
« Tu es un jardin »
« Qu’est ce qu’un jardin ? »
« C’est un endroit où il y a de l’eau et de la sève. Ne laisse personne abattre
tes arbres, arracher tes plantes, défoncer ta terre. »
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