Je suis le feu
Auteur : Max Monnehay
Éditions : Seuil (4 Mars 2022)
ISBN : 978-2021488135
400 pages
Quatrième de couverture
La Rochelle, mois de juillet. Une femme est retrouvée
égorgée chez elle face à son fils de dix ans ligoté. C’est la deuxième en
l’espace de quelques semaines et les flics n’ont pas la moindre piste. Le
commissaire Baccaro va alors faire appel à Victor Caranne, psychologue carcéral
et oreille préférée des criminels multirécidivistes de la prison de l’île de
Ré. Mais le tueur est une ombre insaisissable qui va bientôt faire basculer la
ville dans la psychose.
Mon avis
Max (Amélie de son prénom de naissance) Monnehay est une
jeune femme écrivain dont, je m’en excuse, je n’avais jamais entendu parler. Et
je me demande bien pourquoi alors que je suis d’assez près l’actualité
littéraire. Heureusement cette lacune est comblée avec la découverte de son
nouveau et excellent roman.
C’est à la Rochelle que se déroule l’intrigue qu’elle nous
présente. C’est une ville que je connais bien et j’ai eu du plaisir à
visualiser les lieux, à sentir l’air marin, et à suivre certains personnages
sur l’île de Ré que je fréquente également. De ce fait, beaucoup d’images se glissaient
sous mes paupières et je verrai volontiers une adaptation filmée de ce récit.
Certains protagonistes sont issus d’un précédent titre que je n’ai pas lu et ça
ne m’a pas gênée. Donc n’hésitez pas, foncez !
Mais venons-en à l’histoire. Des femmes sont retrouvées
égorgées, leur enfant est présent mais « protégé », les yeux bandés
avec un casque diffusant de la musique. Comment sont-elles choisies, quel est
le but poursuivi par le tueur, pourquoi épargne-t-il les petits ? L’enquête
ne va pas être facile et les responsables décident de faire appel à Victor
Caranne, un psychologue carcéral. Il côtoie des criminels multirécidivistes
dans ses séances et il pourra, par son regard extérieur et acéré, apporter son
expérience. On peut même espérer qu’il déterminera « une fiche type »
de l’assassin afin que les enquêteurs le cernent et le coincent….
C’est en plein mois de Juillet que se déroulent les
événements. L’équipe policière ne sait pas où ni comment orienter ses
recherches. Il y a bien un petit quelque chose qui les interpelle. Le meurtrier
est particulièrement doux avec les enfants, on aurait presque le sentiment
qu’il veut les ménager malgré l’horreur des faits. Il est donc nécessaire de le comprendre et d’affiner
son profil d’où la présence de Victor.
Mais ce dernier n’est pas psy pour rien, il a sans doute
choisi de « réparer » ses erreurs en prenant cette fonction. Mais
est-ce suffisant pour se pardonner ? Il a une attitude complexe avec les
autres, notamment avec son père et Anaïs une petite nouvelle au commissariat.
Ils sont à fleur de peau tous les deux. Pas simple de dialoguer, de s’écouter,
d’échanger dans ces cas-là. Ils ont dans l’obligation de collaborer pourtant.
J’ai particulièrement apprécié que l’auteur ait travaillé le
côté psychologique des différents intervenants. Bien sûr, plusieurs ont été
cabossés par la vie, mais pas de n’importe quelle façon, certains éléments sont
recherchés et intéressants et n’ont pas été évoqués au hasard, ils sont liés à
ce qu’ils sont devenus. Max Monnehay a aussi soigneusement installé les
rapports, jamais anodins, entre les uns et les autres. L’écriture est agréable
et accrocheuse, le style vivant avec quelques fois une pointe d’humour pour
dédramatiser ce qu’on lit et souffler face à toute cette noirceur. Le rythme
est maintenu par des situations qui ne sont pas forcément en lien avec l’enquête
(entre autres, avec un ami de Victor qui est dans la panade). C’est une bonne
idée car on ne reste pas focalisé sur une seule chose et on voit la vie des
personnages en dehors de leur boulot. Quelques pages sont consacrées à l’égorgeur
afin qu’on comprenne pourquoi il en est arrivé à de telles extrémités, elles
complètent les réflexions de Caranne sur cet homme.
L’ensemble est tout à fait cohérent pour en faire un bon
polar noir et abouti.
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