"Le lac de nulle part" de Pete Fromm (Lake Nowhere)

 

Le lac de nulle part (Lake Nowhere)
Auteur : Pete Fromm
Traduit de l’américain par Juliane Nivelt
Éditions : Gallmeister (6 Janvier 2022)
ISBN :  978-2-35178-285-9
450 pages

Quatrième de couverture

Cela fait bientôt deux ans que Trig et Al, frère et sœur jumeaux, n’ont plus de contact avec leur père. Et voilà qu’il réapparaît dans leur vie et réclame "une dernière aventure" : un mois à sillonner ensemble en canoë les lacs du Canada. À la fois excités à l’idée de retrouver la complicité de leur enfance et intrigués par ces retrouvailles soudaines, les jumeaux acceptent le défi de partir au milieu de nulle part. Mais dès leur arrivée, quelque chose ne tourne pas rond, les tensions s’installent.

Mon avis

Sublime !

Je vais être encore une fois dithyrambique en parlant de Pete Fromm, un auteur qui me bouleverse à chaque fois. Il trouve un sujet à nouveau pour chaque livre. Il décortique les âmes, il analyse les rapports humains avec énormément de finesse. Avec trois fois rien, ici, un père ses deux enfants jeunes adultes, la nature et une météo un peu limite, il vous campe un récit qui vous prend aux tripes dès le départ et qui ne vous lâche plus jusqu’à la fin.

Pourtant on pourrait dire qu’il ne se passe pas grand-chose, presque rien, mais tout est dans le ressenti, l’atmosphère, l’approche des personnalités. Il distille des indices par petites touches. Il nous fait comprendre les événements antérieurs, nous laisse envisager la suite. Il parle des relations familiales comme personne. Il donne vie aux personnages, on a l’impression d’être avec eux, de les accompagner. Chacun de ses récits est différent et pourtant porté par la même volonté : celle de parler de la famille, de ses failles, de ses peurs, de ses doutes, de ses erreurs, de sa construction, de sa destruction, de ce qu’elle est tout simplement.

Ces trois-là, le père et les jumeaux ont pour but de passer un mois ensemble, de naviguer, de camper, comme au bon vieux temps. C’est Trig, le fils, qui raconte. Les souvenirs remontent, le présent est là avec les difficultés liées au temps, ce n’est peut-être pas la période idéale pour faire cette longue randonnée. Est-ce qu’ils vont « se retrouver » facilement ? Est-ce qu’il y aura des non-dits, des tensions qui ressortiront ?

Avec son écriture fluide (merci à la traductrice pour son travail), emplie de sensibilité, de retenue, Pete Fromm me met le cœur en vrac. On dirait que c’est facile, tant ça coule tout seul mais je pense, au contraire, qu’il est ardu d’écrire ce qui fait le sel de la vie sans se poser en juge, en censeur, sans être lourd, en laissant les héros de papier prendre vie et chair comme des compagnons d’une partie de notre route, des gens qu’on n’oubliera pas.

Coup de cœur pour ce recueil et merci Monsieur Fromm !


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