Le cas Victor Sommer
Auteur : Vincent Delareux
Éditions : L’Archipel (25 Mai 2022)
ISBN : 978-2809844177
210 pages
Quatrième de couverture
À 33 ans, Victor Sommer mène une vie monotone qui lui pèse.
Secrètement, il aspire à devenir quelqu'un. Une ambition entravée par sa mère,
infirme autoritaire et possessive qui l'empêche de prendre son envol. Le jour
où celle-ci disparaît de façon mystérieuse, Victor est confronté à un monde
qu'il n'a jamais appris à connaître...
Mon avis
Victor est un grand garçon, il a trente trois ans et
pourtant, ce n’est pas vraiment un homme. C’est encore le fifils à sa maman. Il
ne travaille pas, il vit avec elle et passe ses journées à l’aider, lui obéir, à
être soumis… Elle lui donne un peu d’argent qu’il gère et dont il se contente
et sur les conseils de sa mère, il va chez le psy. Son père ? Il a vu, il
y a longtemps une photo jaunie mais tout ça reste flou. Il ne sait rien faire
seul. Elle, cynique, le domine et l’écrase, utilise le chantage affectif pour
le garder sous sa coupe. Il est incapable de prendre une initiative mais en
a-t-il seulement envie ?
Est-ce que c’est une vie ? C’est celle de Victor et il
se pose peu de questions. Quand on n’a pas connu un fonctionnement différent,
on est content de ce qu’on a puisqu’on ne peut pas imaginer autre chose. C’est
son cas. Victor se raconte dans ce roman, écrit à la première personne. Parfois
il semble réaliser que sa mère abuse, qu’elle n’a pas la bonne attitude avec
lui, qu’elle l’aime mal, mais ça ne dure pas vraiment. L’équilibre se maintient
vaille que vaille.
Est-ce grâce au psy ? Les rencontres avec le Docteur
Adam, apporte un autre éclairage sur Victor. Il entretient une relation particulière
avec son psy, ne sachant pas se situer, se comporter. Victor vit un peu à l’ancienne
et sa façon de s’exprimer, d’entrer en lien avec les autres s’en ressent. L’auteur
a parfaitement su se glisser dans la peau de ce vieux garçon, coaché par sa
maman, pas indépendant, et plutôt « paumé ».
Les mois pourraient s’écouler comme ça, sans révolte de la
part de Victor, sans heurt avec « Maman » pour rester le fils idéal, obéissant
et gentil avec elle qui a tant besoin de lui mais…. Voilà qu’elle disparaît et
que Victor fait une rencontre qui le déstabilise. Comment va-t-il réagir,
retrouver la sérénité dont il a besoin ? Ne risque-t-il pas de rester
bloqué par sa peur de l’inconnu ? Va-t-il perdre pied ou faire face ?
Je me demandais bien comment il allait évoluer et s’il allait garder ou pas une
certaine cohérence…
C’est avec une écriture et un style très adaptés au personnage
de Victor que l’auteur nous embarque dans son récit. Les phrases courtes
résonnent pour planter une atmosphère angoissante parfois teintée d’humour
lorsque le narrateur aborde certains sujets (le sexe, les fruits de mer etc.)
Le phrasé est un régal, un tantinet décalé (comme le « héros ») mais
il vaut le détour. Il fait la part belle à tout ce qui est inconscient. Il y a
un je ne sais quoi qui fait penser à Kafka par ce côté inracontable d’un récit
court, concis qui se suffit largement à lui-même bien qu’il y ait peu de protagonistes.
C’est presque un huis clos. Mais comparer Vincent Delareux à d’autres serait restrictif.
Il est lui. Et il a parfaitement réussi un roman original, sans temps mort,
captivant par son côté sombre et décalé, sans être gore.
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