Le rocher blanc (The White Rock)
Auteur : Anna Hope
Traduit de l’anglais par Elodie Leplat
Éditions : Le bruit du monde (18 Août 2022)
ISBN : 978-2493206053
338 pages
Quatrième de couverture
Comment une petite dizaine d'individus du monde entier se sont-ils
retrouvés à l'intérieur d'un minibus aux confins du Mexique, sur des routes
brinquebalantes et en compagnie d'un chaman ?
S'ils semblent tous captivés par ce rocher blanc auquel la tribu locale des
Wixarikas attribue l'origine du monde, l'une d'entre eux, écrivaine, tente de
prendre soin de sa fille, tout en réfléchissant à la course du monde et à
l'écriture de son prochain roman. Autour de ce rocher se sont déroulées
d'autres histoires qui pourraient bien l'influencer...
Mon avis
« Il y a un rocher blanc là-bas, dans l’océan, où
les indiens disent que le monde est né. »
Le Rocher Blanc est situé près de la côte nord de l’état de Nayarit
au Mexique, non loin de San Blas. C’est un lieu atypique où personne ne vient
par hasard. Et si Anna Hope a choisi d’en parler, c’est parce qu’il est
intimement lié à son histoire personnelle.
Ce roman est construit à l’inverse du rocher (on part du
présent et on va dans le passé, les dates sont décroissantes : 2020 / 1969
/ 1907 / 1775), comme si on descendait sous lui pour creuser dans ses racines afin
de mieux comprendre ceux qui y sont venus. On plonge, il y a le sommet inversé
(avec un poème magnifique)
« C’est le lieu où pour la première fois, l’informe
s’est épris de la forme.
Et donc, et donc, et ainsi et alors, voilà comment le monde est né. »
et on remonte de l’autre côté pour retrouver le présent.
Quatre périodes, avec des personnages très différents, tous
reliés au Rocher Blanc, tous inspirés de personnes réelles. En 2020, c’est une
écrivaine, avec fille et mari. Elle recherche l’inspiration et vient dire merci
dans ce lieu mythique. Est-ce une mise en abyme de l’auteur ? D’autres
viennent porter une offrande pour un pardon, faire un vœu, prononcer une
prière.
Ce recueil n’est pas facile au premier abord. On se
questionne sur ce qu’a voulu transmettre Anna Hope. Il faut alors laisser venir
les mots. Écouter ce qu’ils transmettent de l’Histoire (avec une majuscule) du
peuple Wixarikas, qui raconte que l’origine du monde vient du Rocher Blanc.
C’est une tribu que l’auteur a rencontrée, elle est liée à eux à vie. En
revisitant le passé du Rocher, Anna Hope s’efforce de cerner et de transmettre les
raisons d’exister de ce bout de terre. Et puis, en quoi les événements
antérieurs influencent-ils le présent ? Comment se construit l’humanité et
comment avance-t-elle ?
Le livre mêle plusieurs destins, des légendes, des
traditions sont évoquées, la culture Yoeme et ses souffrances. Il nous éclaire sur des existences (on pense à
Jim Morrison quand on découvre le chanteur en 1969). Personnellement, j’ai
beaucoup apprécié « La Fille (1907) ». Le partage entre les deux
sœurs, la symbolique mangue qui représente tout leur amour…tout cela est bouleversant….
On s’aperçoit que Le Rocher permet à certains de donner le meilleur
d’eux-mêmes, comme si cette entité communiquait en quasi permanence, un message
de bienveillance (ce qui serait logique vu que c’est de là que vient l’origine
du monde) et la question qui se pose est : qu’ont fait les hommes de ce
qu’ils ont reçu ?
« Nous sommes riches de donner. Riches d’offrir –
telle est la plus simple des vérités. »
L’écriture est infiniment riche (merci à la traductrice),
riche de vocabulaire, de poésie, d’émotions. Chaque protagoniste cherche à
donner du sens à sa vie, pas forcément de la bonne façon mais on peut
progresser grâce à ses erreurs. À la fin du livre, Anna Hope explique ses
recherches et c’est très intéressant.
Une lecture qui sort des sentiers battus et qui en surprendra plus d’un.
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