Le directeur n’aime pas les cadavres (Al director no le
gustan leos cadáveres)
Auteur : Rafael Menjívar Ochoa
Traduit de l'espagnol (Salvador) par Thierry Davo
Éditions : Quidam Editeur (4 Mai 2017)
ISNB : 978-2-37491-061-1
168 pages
Quatrième de couverture
Depuis qu’il a vu la dépouille de sa mère, le Vieux,
directeur d’un grand quotidien proche du parti au pouvoir, ne supporte plus la
vue des cadavres. Le Vieux est mal en point. Il a beau tirer les ficelles, il a
de gros ennuis, pris en tenaille dans la guerre implacable que se livrent les
tueurs d’Ortega et du Colonel. Et avec la folie auto-destructrice de Milady, sa
deuxième femme, il risque d’affronter bientôt un cadavre de plus…
A propos de l’auteur
Né en 1959, Rafael Menjívar Ochoa a vécu en exil pendant la
guerre civile au Salvador. Après avoir exercé des fonctions de journaliste,
notamment au Mexique, il rentre à San Salvador, en 1999, où il crée la Maison
de l’écrivain. Traduit et étudié aux États-Unis, il est l’auteur d’une
vingtaine d’ouvrages, dont huit ont été traduits aux éditions Cénomane. Il fut
également compositeur, traducteur et éditeur. Rafael Menjivar Ochoa est
considéré comme l’un des très grands écrivains de sa génération en Amérique
centrale. Il est décédé le 27 avril 2011 des suites d’un cancer.
Mon avis
Nous payons le manque
d’espoir ….
Jusqu’à dix-neuf ans, il a vécu entouré de gardes du corps,
d’abord avec sa mère puis avec son père et sa nouvelle très jeune compagne
lorsque sa maman est décédée. Pour lui, son paternel est le «Vieux » et sa conjointe Milady…. Il
est parti étudier mais s’est lassé et s’est retrouvé à tenir des rôles courts
mais bien payés au cinéma (je ne vous dirai pas quel type de personnage mais la
description du savoir faire particulier pour cette situation est
jubilatoire : racontée comme s’il s’agissait d’un fait ordinaire et neutre
alors que c’est tout le contraire….)
Le Vieux le rappelle quelques années plus tard (sent-il la
mort se rapprocher ?) et il revient à la maison. Il découvre d’un peu plus
près le Journal sur lequel règne le Patriarche en homme ne s’encombrant ni de
manières ni de discours. Il ne sait pas trop où se situer, lui, le fils, qui
était distant et pas seulement en kilomètres….. Comment créer des liens avec
quelqu’un que l’on a peu vu, que l’on connaît mal et surtout, à quoi bon ?
Le fils a vécu sa vie et se demande s’il faut vraiment se pencher sur les
affaires du père…. D’ailleurs, sont-elles vraiment honnêtes ?
Dans ce coin du Mexique, les hommes sont « bruts de décoffrage », lorsqu’une personne dérange, on ne discute pas, on sort une arme et hop, le gêneur disparaît…. Il y a des clans, des non-dits, des trahisons, de la méfiance et personne ne peut être sûr de quoi que ce soit….
Avec une écriture acérée, à l’humour sec, ne s’encombrant
pas de mots inutiles, l’auteur nous plonge dans un mélange de réflexions assez
profond. Le Vieux est confronté à la mort et cela permet d’aborder les sujets
qui sont liés à un décès. Que laisse-t-on derrière nous, pour qui, pourquoi,
dans quel but ? Comment faire comprendre à nos enfants les valeurs que
l’on souhaite leur transmettre ? Et lesquelles choisir ? Dans un pays
où la guérilla règne, les conflits sont importants. On le sent entre les
lignes, dans les relations entre les hommes évoqués dans ce roman. Il faut bien
le dire, il y a peu de femmes et leur présence, pffff….. Rafael Menjívar Ochoa nous offre également un
panel de relations humaines, présentées en quelques mots, on sait tout de suite
qui est qui….
On dit souvent que l’on ne parle bien que de ce qu’on
connaît. L’auteur a été journaliste au Mexique et lorsqu’il décrit la face
« cachée » d’un quotidien, l’ambiance, la construction et le contenu des
articles qui seront mis sous presse, on ne peut que penser qu’il s’est inspiré
de son vécu….
C’est un livre que j’ai apprécié de par son originalité, son regard sur la presse, sur la vie, les relations familiales, les rivalités décrites dans un pays qui se cherche comme certains des personnages que l’on croise dans cet opus.
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