L’événement
Auteur : Annie Ernaux
Éditions : Gallimard (14 Mars 2000)
ISBN : 978-2070758012
120 pages
Quatrième de couverture
"Depuis des années, je tourne autour de cet événement
de ma vie. Lire dans un roman le récit d'un avortement me plonge dans un
saisissement sans images ni pensées, comme si les mots se changeaient
instantanément en sensation violente. De la même façon entendre par hasard La
javanaise, J'ai la mémoire qui flanche, n'importe quelle chanson qui m'a
accompagnée durant cette période, me bouleverse." Annie Ernaux.
Mon avis
« D’avoir vécu une chose, quelle qu’elle soit, donne le
droit imprescriptible de l’écrire. »
« Le véritable but de ma vie est peut-être celui-ci: que
mon corps, mes sensations et mes pensées deviennent de l’écriture, c'est-à-dire
quelque chose d’intelligible et de général, mon existence complètement dissoute
dans la tête et la vie des autres. »
C’est plus de trente ans après avoir choisi et vécu un
avortement, qu’Annie Ernaux, d’une écriture que je qualifierai de « clinique »
nous fait le récit de ce passage de sa vie.
« Événement, épreuve, expérience humaine totale, de la vie
et de la mort, vécue d’un bout à l’autre au travers du corps …. » comme elle
l’écrit elle-même …
En utilisant son agenda et son journal intime de l’époque,
elle « décortique » cet « événement » …. Oserais-je écrire « sans doute pour
l’expulser définitivement ? »...
Parce qu’il s’agit bien de cela, en fait, utiliser
l’écriture comme exutoire … verbaliser une bonne fois pour toutes pour espérer
moins penser à ce qui a troublé, dérangé.
D'ailleurs elle dit qu'elle a fini de "mettre en
mots", "réussi à effacer toute trace de culpabilité"...
L’écriture est suffisamment détachée pour que ni le
misérabilisme, ni le voyeurisme n’aient leur place dans notre lecture.
Il n’en reste pas moins que le langage et la description de
certaines scènes sont crus. Et je m’interroge … Annie Ernaux a-t-elle écrit
ainsi par volonté d’être détachée ou parce que cette façon d’écrire s’est
imposée à elle ?
Après avoir lu, il n’y a pas si longtemps « Qui touche à mon
corps je le tue », je me suis retrouvée confrontée à la question de
l’avortement, de la grossesse, des choix, de ces femmes en pleine détresse qui,
à cette époque, n’avaient pas le « planning familial » et risquaient de mourir,
seules dans leur coin …
Et revient, lancinante, cette question : « Vaut-il mieux
avorter, abandonner un nouveau né, le garder et l’aimer mal ?... »
Que c’est beau la vie quand on est heureux de la donner, de
l’offrir ….
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