"La vie ne se danse jamais seul" de Marie Joudinaud

 

La vie ne se danse jamais seul
Auteur : Marie Joudinaud
Éditions : L’Archipel (6 Avril 2023)
ISBN : 978-2809846751
338 pages

Quatrième de couverture

Suzanne et Thaïs sont deux sœurs dont les chemins se sont séparés très tôt. Suzanne est la gardienne de l'histoire familiale, tandis que Thaïs a embrassé ses rêves de gloire à l'Opéra. Mais la vie va les réunir et les mettre toutes deux devant des choix.

Mon avis

Dans ce roman, les chapitres porteront les noms de Thaïs, Suzanne ou Clara quand ils se référeront à elles. Il y aura également quelques passages en italiques où Kea s’exprimera….

Thaïs est danseuse étoile à l’Opéra de Paris. Un métier exigeant, avec des entraînements de folie, un régime draconien, de longues heures à répéter avec son partenaire et ami, Jing, et à obéir au chorégraphe, Alexis. Dans cette activité, il faut toujours être en haut, plaire, ne pas contrarier les organisateurs, se couler dans le moule qu’ils ont déterminé, s’oublier pour mieux réussir et être ce à quoi les décideurs aspirent. Thaïs danse, c’est sa passion, sa vie, elle ne peut pas s’en passer malgré les aspects difficiles. Elle est dure avec elle-même, se refusant à montrer ses faiblesses, ses doutes, ses peurs. Elle a « épousé » la danse et ne vit que pour se produire sur scène.

Suzanne, sa sœur, est restée à Saint Guirec, où elles ont grandi. Elle occupe la maison familiale avec sa fille, une jeune collégienne. Elle est professeur aux Dunes où elle anime en plus un atelier de théâtre. Son mari est parti, il est skipper et donne de loin en loin des nouvelles à leur fille : Clara.

Clara, c’est une ado, parfois en opposition avec sa mère qui, pourtant, essaie de ne pas l’étouffer. Il faut qu’elle trouve sa place, sa voie. Elle aimerait voler de ses propres ailes, mais il y a encore du chemin.

À Paris, suite à un problème avec le chef de ballet, la directrice prie Thaïs de prendre des vacances, un peu de recul, pendant quelque temps. Malgré sa colère, son incompréhension, Thaïs après avoir discuté avec Jing, suit ses conseils et part. Elle décide d’aller vers sa sœur qu’elle n’a pas vu depuis de nombreuses années et avec qui les liens sont quasiment inexistants.

Quelle drôle d’idée se dit le lecteur. Pourquoi aller en bord de Manche dans un coin paumé, avec les embruns, la pluie, voir une frangine qu’on a perdu de vue ? Ne va-t-elle pas perdre une partie de son indépendance ? Celle qu’elle a gagné en fuyant il y a bien longtemps ? Comment va-t-elle poursuivre ses exercices en vue des prochains spectacles ? Et surtout sera-t-elle capable de cohabiter avec sa sœur et sa nièce ? Cette coupure sera-t-elle bénéfique par rapport à son activité professionnelle ?

Thaïs n’est pas franchement la bienvenue. Il y a plusieurs contentieux avec Suzanne et au départ, elles n’arrivent pas à discuter. Comment renouer le dialogue, s’écouter, partager ?

C’est avec une écriture fluide et délicate que l’auteur nous présente cette histoire, le lent cheminement de Thaïs pour mieux comprendre les liens du sang, ceux du cœur et expliquer ses choix. Elle se reconnecte à sa vie, prend le temps de faire les choses sans être en permanence sur la brèche. Mais comment vivre cette pause pour qu’elle reste provisoire et ne bouleverse pas toutes ses certitudes ? D’autant plus que d’autres éléments se glissent dans son nouveau quotidien. Que faire ? En tenir compte et accepter quelques changements ? Zapper et reprendre la route du succès, des représentations ? Marie Joudinaud, avec infiniment de doigté, développe les tiraillements de Thaïs, qui se trouve écartelée entre deux mondes totalement opposés. Celui des paillettes où tout vibre et brille et celui, plus posé, des gens de bord de mer, qui savourent l’instant présent. Avec quelques retours en arrière pour nous expliquer le vécu de cette famille, elle offre un texte très vivant.

 Les personnages sont très attachants, toute la complexité des relations humaines est explorée. C’est un récit très agréable, qui se lit avec beaucoup de plaisir, même si tout n’est pas toujours rose.

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