Maudite soit-elle
Auteur: Vincent Desombre
Éditions: Scrinéo (Mai 2012)
ISBN : 978-2919755127
330 pages
Quatrième de couverture:
Marseille, vendredi 20 juin 1986
Nathalie alluma la télévision. Les informations commençaient.
- Torturé et brûlé vif pour lui dérober ses économies. Maurice Picon, un
paisible retraité, a été assassiné sauvagement dans sa maison de Cassis, dans
les Bouches-du-Rhône.
À ce moment, le visage de la victime apparut à l'écran. Une simple photo
d’identité qui montrait un homme âgé, aux traits fins et au regard félin.
Nathalie porta ses mains à sa bouche.
– Oh, mon Dieu !
Elle aurait voulu crier, mais aucun son ne sortit. Ses yeux étaient rivés sur
la télévision. Ce visage, même trente ans plus tard, elle ne pouvait l’oublier.
Cet homme avait marqué sa vie de façon irréversible. Un fantôme du passé
resurgissait devant elle !
Trente ans plus tôt presque jour pour jour, Maurice Picon a été la dernière
personne à parler à la mère de Nathalie. Deux heures plus tard, elle se
suicidait. Pour comprendre et renouer avec ses souvenirs enfouis, Nathalie va
retourner sur les traces de son enfance en Touraine.
Une enquête haletante, une histoire émouvante inspirée de deux faits réels qui
ont défrayé la chronique de l’après-guerre. Le cahier documentaire en fin
d’ouvrage revient sur ces dossiers, l’affaire Finlay et l’affaire Lecoz.
L’auteur:
Né en 1966 à Tours, Vincent Desombre est reporter pour la télévision.
Après avoir travaillé comme journaliste pour les grandes chaînes françaises, il
est aujourd'hui auteur-réalisateur de films.
Mon avis:
Qui est-elle ?
Inspiré de deux fais divers des années cinquante, ce roman
met en lumière des événements s’étant déroulés à partir de 1944.
Ils sont d’ailleurs détaillés dans le « cahier-documentaire » en fin d’ouvrage.
Cette façon de faire est originale et apporte un vrai complément à ceux qui
aiment connaître ce qui a pu servir de base à une œuvre littéraire.
Le présent dans le livre est indiqué par l’année 1986 mais nous ferons des
sauts dans le passé : 1944, 1946, 1956, 1968 (et ses barricades) et d’autres
périodes seront évoquées.
Chaque début de chapitre nous situe le lieu, le jour précis et l’heure.
De ce fait, aucune difficulté pour suivre les différentes situations et les
personnages qui y sont rattachés. De plus, le lecteur ne peut pas se perdre
tant l’écrit est net, précis, dépouillé de toute fioriture, sans digressions.
L’histoire est racontée à la troisième personne, par un narrateur et nous
accompagnons les différents personnages de ce récit.
Nathalie, jeune mère d’une adolescente rebelle, Cloé, s’est séparée de Paul,
son mari journaliste car il court le guilledou. Elle est blessée dans son amour
propre, mal à l’aise devant le comportement de sa fille et, comme tout un
chacun à un tournant de sa vie, elle ne sait pas trop ce qu’elle veut.
Un simple flash aux informations télévisées va bouleverser sa vie, celle de ses
proches et entraîner d’autres personnes dans des remous.
Nathalie est vive, parfois colérique (et à ces moments là, son vocabulaire se
relâche….) mais si on creuse sous la carapace, c’est une jeune femme fragile
qui ne sait peut-être pas toujours très bien communiquer, dire ce qu’elle
ressent. Elle est opiniâtre et, puisqu’elle a décidé de comprendre, elle ne
lâchera plus jusqu’à ce qu’elle aboutisse et que la lumière soit faite. Elle a
besoin de savoir pour continuer à vivre sinon elle ne sera pas en paix.
Il va m’être difficile de parler du contenu de cet opus car le déflorer serait
très dommage pour les gens amateurs de suspense….car il y en a et beaucoup.
La construction même du livre (alternance passé présent nous laissant
soigneusement sur notre faim chaque fois) provoque chez celui qui lit l’envie
de tourner les pages encore et encore pour savoir ce qu’il en est. Secrets de
famille bien (mal) gardés, « cadavres dans les placards », relations complexes
entre les uns et les autres, hommes ou femmes à plusieurs visages, poids de la
culpabilité, influence du passé, de la religion, femmes soumises n’osant pas se
révolter, nous allons tour à tour découvrir les uns et les autres.
L’auteur, habilement, sème ça et là des indices indispensables à la
compréhension finale qui se fera, très vite, en peu de pages, à la manière d’un
coup de théâtre, nous laissant estomaqués devant tant de non-dits. Mais il est
vrai, que, replacés dans le contexte de l’époque, les choix peuvent s’expliquer
(je n’ai pas dit forcément se comprendre…)
Ce roman est très visuel (par exemple, les descriptions physiques des
personnages sont courtes mais très ciblées), on ressent que l’auteur travaille
aussi dans le cinéma (d’ailleurs je verrai très bien une adaptation de ce livre
en téléfilm). Les lieux aussi, à Marseille comme à Tours, sont installés en
quelques mots. Cela donne vie au texte, transmet du rythme au contenu des
chapitres qui sont eux-mêmes, assez courts.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture, sans temps mort, j’étais pressée de
connaître la suite, de voir se mettre en place toutes les pièces du puzzle qui
se construisait sous mes yeux pour enfin, savoir qu’elle était le lien entre
Nathalie et l’homme qu’elle avait vu aux infos….
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