"Des corps en silence" de Valentine Goby

 

Des corps en silence
Auteur: Valentine Goby
Éditions Gallimard (5 janvier 2010)
ISBN : 978-2070128044
144 pages

Quatrième de couverture

" Elle imagine possible un mari fidèle, pour ça elle est prête à faire sa fille des rues, sa prostituée, sa courtisane. Tout plutôt que ça : qu'il couche ailleurs. Elle dit tout, elle pense tout, elle l'aime à se tuer. " Deux femmes en résistance contre la fin du désir amoureux. A un siècle d'écart leurs chemins se croisent, se confondent, se séparent : l'une tente l'impossible pour reconquérir l'homme qu'elle aime, l'autre imagine une rupture radicale. Toutes deux refusent le silence des corps. Des corps en silence est le sixième roman de Valentine Goby.

Mon avis

Ce livre, pas très gros, retrace une période de la vie de deux femmes.

1913, l’hiver, il neige, il fait froid

Henriette Caillaux a épousé un homme pour lequel elle a divorcé. Cet homme lui a fait découvrir l’amour physique d’une autre façon que ce qu’elle avait connu.

Elle pense que c’est cela qui les lie et elle est prête à tout, dans ce domaine, pour ne pas le perdre.

« Elle l’aime à se tuer ». « Tout plutôt qu’il couche ailleurs. » Elle sent qu’il s’éloigne et ne sait comment le retenir, l’attirer encore… Elle « s’éteint » devant cette lutte inutile puis se reprend et essaie encore. Elle veut faire l’amour, seul signe, pour elle, qu’il lui est encore attaché. Son histoire ne se résume pas à cela mais je ne veux pas trop en dire...

Il est à signaler que cette femme a existé et que Valentine Goby est restée proche de ce qu’on sait d’elle.

Notre époque, l’été, il fait chaud.

Claire n’aime plus Alex, son mari et elle veut le quitter. Pourtant « Alex c’était trouver une maison ». Est-ce que la fin de l’amour est arrivée lorsqu’Alex est devenu le père de son enfant ? Elle ne sait pas, ne sait plus. Elle fuit avec sa fille, sans but, pour échapper à cet amour physique avec lui dont elle ne veut plus.

Quel que soit le lieu où elle envisage de se rendre, des souvenirs « d’avant », avec Alex, lui arrivent en pleine figure.

Ces deux femmes sont reliées par leur corps, dont elles sont prisonnières en quelque sorte. Elles sont aussi reliées par la musique et la mort (mais je n’en dirai pas plus pour ne pas raconter le livre). Tout cela est subtilement amené.

On les suit dans leur questionnement, leurs tourments, leur avancée, leur reculade. Elles souffrent … en silence …

Leurs corps sont silencieux, éteints, parce qu’ils ne vibrent plus sous les caresses d’un homme mais pas pour les mêmes raisons ….

L’amour entre un homme et une femme peut-il se résumer aux seuls échanges des corps, comme si seul le désir physique unissait ces couples ?

Les chapitres alternent de l’une à l’autre. La dernière phrase de chaque chapitre est inachevée, coupée net et se termine au début du chapitre suivant avec l’autre femme (de ce fait pas de majuscule au début du chapitre).

Il y a des phrases courtes (parfois deux mots) et d’autres très longues.

L’écriture est hachée, comme si les mots étaient jetés sur le papier. Les pensées, paroles retenues ou silencieuses sont écrites en italiques. C’est parfois dur, cru…

De temps à autre, une longue description de bruits, d’ambiance et d’un coup un objet dont l’auteur nous précise la couleur. Comme une tache au milieu d’un décor en noir et blanc.

C’est moins violent, moins puissant, moins dérangeant que « Qui touche à mon corps je le tue » mais un peu douloureux malgré tout….

Cela se ressent avec une écriture dépouillée, où l’auteur se place en observateur extérieur sans que jamais on n’imagine ce qu’elle ressent face à la souffrance de ces deux femmes.

Valentine Goby a trouvé un juste équilibre pour nous permettre de pénétrer ... silencieusement ...dans la vie de ces deux femmes et essayer de les comprendre ...

Difficile, une fois encore, en lisant cet écrivain de dire si j'ai aimé ou pas.

Je dois reconnaître la qualité de l'oeuvre mais je ne peux pas dire mon sentiment parce que, finalement, ces deux femmes, n'auraient-elles pas préféré que je les laisse seules?


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