L'éveil du Philalèthe
Auteur : Jérémie Morançon
Éditions : The Melmat Cat (23 Février 2023)
ISBN : 978-2492759062
862 pages
Quatrième de couverture
Le "philalèthe" est celui qui cherche la vérité.
Sur une terre lointaine où des humains sont arrivés, ayant réussi à fuir leur
planète surpeuplée et polluée à bord de vaisseaux qui ont traversé la galaxie,
les survivants ont créé des sociétés que tout oppose. Sous l'Abri, c'est une
société dictatoriale qui s'est imposée, dirigée par un mystérieux
"Comte" et son gouvernement. Dès le premier jour, des dissidents ont
quitté l'abri et ont fondé Horizon, où la liberté est le maître mot. Entre les
deux, ceux de la Territorialité Autonome cherchent une voie médiane. Quand une
mission part d'Horizon pour aller voir de plus près ce qui se passe sous
l'Abri, elle va devoir affronter l'âpreté de la nature, mais aussi un grand
dilemme philosophique...
Mon avis
in hoc signo vinces *
Ce livre peut être catégorisé dans le genre de science-fiction
« Planet opera » parce qu’il raconte des aventures se déroulant sur
une planète étrangère où le mode de vie est déroutant, soumis à des règles
parfois surprenantes. Ce sont des hommes et des femmes qui la peuplent et leurs
relations permettent d’aborder différents aspects : sociologique,
économique, philosophique etc.
L’auteur s’est lancé dans une fabuleuse aventure avec ce
récit. Il a été exigeant avec lui-même pour que son histoire se tienne, pour
maintenir notre intérêt, pour apporter une réelle réflexion sur la société en
général, pour ne pas lasser, pour renouveler le genre et offrir ainsi une
lecture qui sort des sentiers battus.
La forme m’a conquise : Actes 1, 2 et 3 / Entre actes /
Actes 5, 6/ Finale. Mais bon, ça on pourrait penser que c’était facile. Après
il y a l’écriture et les procédés de présentation, tout à fait bluffants. Polices
de caractères et phrasés différents pour chaque intervenant qui s’exprime soit
par le biais d’un journal intime (mais écrire n’est pas anodin, il y a des « règles »),
de comptes-rendus obligatoires (en lien avec la fonction du personnage), de
rapports périodiques, de tests opérationnels, de procès-verbaux de réunions, d’archives,
d’annales, de communications écrites, de mémoires etc…. Impressionnant !
On sait le plus souvent qui s’exprime, sa place « dedans ou dehors ».
Chacun peut avoir raison et le lecteur est balloté entre divers courants de
pensées. C’est judicieux.
Ils ont fui un lieu surpeuplé, pollué, et se sont installés.
Pour maintenir l’ordre, on va dire les choses comme ça, une stricte
uniformisation est de mise. Cérémonie quotidienne, labeurs définis et précis,
horaires bloqués, trajets définis à l’avance, autorisation ou pas de
reproduction. Tout est lisse, planifié, rythmé et décidé pour chacun. L’épanouissement
personnel ?
Pour certains, il est là, dans ce quotidien régulier, sans risque, avec les
encouragements qu’on leur prodigue. Ils sont persuadés qu’ils ne seraient pas
capables d’agir seuls, heureusement on choisit pour eux, ils servent la
collectivité (avec la sensation grisante de participer au fonctionnement d’un
grand tout) et c’est leur unique but…
Pour d’autres, il est inexistant… alors ? Se révolter, entrer en
dissidence ? Accomplir quelque chose de choisi, qu’on ne leur a pas demandé pour
être « décisionnaire » ? Mais est-ce possible ? À quel prix ?
Est-ce que d’autres ont essayé avant eux ?
Le lecteur découvre, petit à petit, ces univers à la fois distincts
et liés. Il s’imprègne du monde de chacun, se questionne, émet des hypothèses… Des
Cycles régentent tout, des êtres sont « éveillés », sont-ils création ou
évolution ?
Des références musicales, philosophiques, et autres sont
présentes. Ce recueil est une œuvre complète, complexe, intéressante,
captivante. Et en toile de fond, cette question lancinante, existentielle, « C’est
quoi la liberté ? »
« De même que notre corps a besoin de la
proprioception pour se situer dans l’espace qui l’entoure, l’esprit lui aussi a
besoin de situer ses limites pour s’équilibrer et disposer pleinement de ses
capacités. »
*(par ce signe tu vaincras)
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