Sur tes pas (The Nurse)
Auteur : Claire Allan
Traduit de l’anglais par Nicolas Porret-Blanc
Éditions : L’Archipel (6 Juillet 2023)
ISBN : 978-2809846423
410 pages
Quatrième de couverture
Comme tous les soirs, Nell Sweeney, 22 ans, quitte l’hôpital
où elle est infirmière pour rentrer chez elle. Mais ce soir-là, un homme l’épie.
Il la suit. Et il a décidé d’agir. Nell pourrait être la première d’une longue
série de victimes….
Mon avis
Claire Allan a été journaliste avant de se consacrer à l’écriture.
Dans son dernier roman, elle parle des violences faites aux femmes, des
prédateurs qui se trouvent des excuses en justifiant leurs actes. Elle évoque également
le Dark net et ses dérives ainsi que les « incels ». Les incels sont,
le plus souvent, des hommes célibataires involontaires, donc pas très heureux d’être
dans cette situation. Ils ont une rage intérieure qui couve …
Nell est une jeune infirmière installée en collocation.
Après une courte période de repos, elle ne rentre pas au logement et ne reprend
pas le travail. Récemment, elle avait fait de nouvelles connaissances. S’est-elle
embarquée dans quelque chose qu’elle ne maîtrise plus ?
Sa mère, Marian, et son père, Stephen, ne croient pas à une
disparition volontaire. Ils ont peur et préviennent la police. Rapidement, une
découverte est faite, Nell a été suivie par un homme qui « joue » à
faire peur aux femmes. Serait-il aller plus loin qu’une simple frayeur ?
Les chapitres passent alternativement d’un personnage à l’autre,
essentiellement Nell, sa mère et « lui ». Les deux femmes s’expriment
à la première personne et le lecteur peut facilement s’identifier, souffrir
avec elles, ressentir leurs angoisses.
Que l’on soit mère ou fille, on ressent dans les fibres de notre corps,
chaque souffrance présentée. Les parents de Nell ont des difficultés à
communiquer, face à la situation exceptionnelle, qui sert de révélateur…. C’est
très réaliste parce que lorsqu’on n’est plus dans le quotidien habituel, les
repères volent en éclats et les caractères ressortent. Leur couple va-t-il
résister à ce traumatisme ?
Claire Allan s’est énormément documentée avant d’écrire son
récit. Elle explique, sur plusieurs pages, sa démarche, en fin d’ouvrage. Ce qu’elle
partage est affolant, nous rappelant les dangers des réseaux sociaux, des « montées
d’enchères » sur le net où chacun peut se cacher derrière un pseudo et se
sentir intouchable.
Elle souligne la « misogynie » dangereuse de
certains individus qui se montrent méprisants, irrespectueux allant jusqu’à harceler
et menacer les femmes qu’ils déstabilisent et terrorisent. Elle parle de ceux
qui les admirent, qui veulent les imiter…
L’intrigue est très recherchée et si le lecteur ne lit pas
la fin avant le début, il ira de surprise en surprise. Le suspense est
omniprésent, la tension augmente et le stress monte. L’écriture (merci au
traducteur) est accrocheuse, plaisante, précise. Le vocabulaire est adapté aux
protagonistes. On tourne les pages sans s’en rendre compte et on serait à deux
doigts de regarder par-dessus son épaule.
Ce qui est frappant dans ce recueil, c’est que de telles
dérives pourraient très bien exister. Cela renvoie à une question importante.
Comment faire pour que les femmes se sentent en sécurité, n’aient pas peur
lorsqu’elles rentrent tard ?
Claire Allan a parfaitement construit son texte. On pourrait
imaginer que c’est « simple », des gentils, un méchant, une
victime. Mais pas du tout, il y a des personnalités ambivalentes, troublées et
troublantes. J’ai trouvé ça fort et astucieux.
Bien qu’elle soit noire et glaçante, j’ai beaucoup apprécié
cette lecture. Si, par ses propos, l’auteur peut alerter et entraîner plus de
vigilance, c’est déjà ça. Écrire sur cette thématique est courageux, c’est une
façon de dénoncer ce qui ne va pas.
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