Nos destins sont liés
Auteur : Walid Hajar Rachedi
Éditions : Emmanuelle Collas (1 er Septembre 2023)
ISBN : 978-2490155835
420 pages
Quatrième de couverture
Avoir vingt ans. Rêver sa vie ou vivre ses rêves ? D’un côté
ou de l’autre du périphérique parisien, d’origines et de milieux différents,
tous sont traversés par les mêmes questions existentielles. Lisa commence à
peine sa carrière. Salem, brillant financier, remet en cause sa fulgurante
ascension. Matthieu, écrivain du dimanche, se complaît dans son personnage de
dilettante. Ronnie se rêve rappeur. Céline, en rébellion contre son milieu, vit
une liaison passionnelle.
Mon avis
Ils ont entre vingt et trente ans, ils sont cinq. Tous
différents par leurs origines, modes d’éducation et milieux de vie mais tous
identiques car ils se questionnent. Sur quoi ? Leurs choix passés,
présents et à venir, leur quotidien, leurs fréquentations. Ils veulent réussir
leur vie, trouver un équilibre, s’aimer, être aimés. Mais des questions
existentielles les hantent.
Les décisions sont-elles les bonnes ? Parfois, on prend
un train et si on avait pris le suivant, tout aurait été modifié ….
Dans la vie, tout est une question de timing.
L’auteur nous le rappelle régulièrement, en d’autres
circonstances, moins fatigué, moins énervé, plus vif, plus entreprenant, les événements
auraient basculé dans un autre tempo. Il aborde également la « légitimité ».
Salem, un des personnages se questionne sur sa brillante et rapide réussite. Il
n’a pas usurpé son poste mais il se remet en cause.
Céline, issu d’un milieu plutôt bourgeois, est gothique et
rue dans les brancards, prête à se rebeller pour sortir du carcan bien lisse
qui est celui où elle a grandi.
Les protagonistes sont intéressants, ils sont présentés chacun
leur tour dans les chapitres. Sous le titre (qui sont des chansons et ça c’est
un plus indéniable car ça nous offre une belle bande son), leur identité et on
sait immédiatement de qui il s’agit. Certains s’expriment à la première
personne, pour d’autres, il y a un narrateur. Avec brio, Walid Hajar Rachedi a adapté
son écriture et son phrasé à chacun d’eux, à chaque caractère.
Entre eux, des fils qui les relient, se croisent et s’entrecroisent.
On voit se construire une immense fresque générationnelle avec toutes les
émotions qui les traversent. L’envie d’en découdre, quitte à choquer parfois,
le droit à la différence, l’acceptation de l’autre, les problèmes d’étude, de
religion, de travail. Le souhait de s’assumer parfois difficile, voire
douloureux. Le besoin incessant de comprendre.
On pourrait croire qu’il va y avoir un cloisonnement
tellement les individus évoqués ont des identités et des ambitions qui n’ont
rien en commun. On suppose que ces histoires ne vont jamais se mêler et c’est
là que tout le talent de l’auteur intervient.
Son style aérien, délicat, nous embarque dès les premières
pages. Les scènes, les ressentis, tout est explicite, rédigé avec doigté. Les
rencontres sont là, fil conducteur, qu’elles soient réussies, ratées ou
simplement imaginées.
C’est un roman qui est réussi, « parlant ». Il
nous rappelle que nous pouvons tous apporter quelque chose aux autres, que les
échanges sont riches malgré ou plutôt grâce à nos différences.
« L’extraordinaire, c’est ce qui attend d’être fait. »
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