Le teorem des grands hommes
Auteur : Jean-Louis Nogaro
Éditions : Arcane 17 (21 septembre 2023)
ISBN : 978-2493049285
290 pages
Quatrième de couverture
Lorsque les gendarmes de St Malo découvrent un cadavre dans
le Combi Wolkswagen d’un marginal, ils ne se doutent pas qu’ils viennent de
déclencher un road-trip qui les mènera jusqu’à la région d’Aix-en-Provence, en
passant par le Diois et le Massif du Pilat. Le tout au grand dam d’une officine
cherchant à instrumentaliser des thèses complotistes afin de renouveler le
pouvoir en place...
Mon avis
Ce roman m’a totalement surprise par sa qualité, sa
construction, son contenu !
Le lecteur se retrouve face à plusieurs entrées (malgré le
nombre, aucun risque de se perdre !).
Il y a ce nouveau parti politique qui recrute ses membres avec
une méthode bien singulière afin d’avoir la main mise sur les heureux élus. C’est
le mouvement qui monte, on ne sait pas trop pourquoi (tiens ça ne vous rappelle
rien ?). Sans aucun doute parce qu’en ce qui concerne les autres, les
électeurs en ont ras le bol de leurs promesses, de leurs changements de
direction (Dutronc le chantait déjà en 1968, « je retourne ma veste… »),
de leurs coups fourrés, de leurs pots de vin…. Alors un peu de nouveauté et l’espoir
d’un monde meilleur avec des règles pour tenir en main tout ce qui va mal, ça
en jette, non ?
D’un autre côté, on observe des gens dont on sent qu’ils
magouillent quelque chose, ils ne sont pas nets, on se demande où ils vont
aller en obéissant à des ordres mystérieux pour lesquels eux-mêmes ne semblent
pas tout maîtriser.
Et puis, Yvon Ben Ouassil apparaît, avec son chien Ghriba.
Ben Ouassil fait un petit road trip en Bretagne avec son van. À peine le temps
de se retourner suite à une panne et hop un cadavre dans son Combi Wolkswagen.
Il peut bien clamer son innocence, avec son look, les gendarmes (qui étaient en
surveillance dans le coin) l’ont déjà catalogué et ils l’embarquent illico sans
le chien qu’ils refilent au chenil. Ça ne devrait pas être trop long pour ce
dernier, le temps qu’un pote d’Yvon, Ludovic Mermoz arrive des environs de Saint-Etienne
et le récupère. Sauf qu’il ne va jamais arriver…. À leurs heures perdues, les
deux copains écrivent dans un petit journal un peu gaucho, le style de papier
qui dérange, alors peut-être que Ludo a choisi de se balader et qu’il s ‘en
fiche du clébard ? va savoir avec des originaux de cet acabit …. Faut-il s’inquiéter
pour lui ? Les gendarmes ne sont pas forcément d’accord sur les suites à
donner…
On peut se demander, vu comme ça, de quelle manière le récit
va s’articuler, où les différents points de vue vont nous entraîner…. Et bien,
disons dans une histoire où plusieurs thèmes sont traités. Théorie du complot, superficialité
de la politique qui manipule l’opinion, influence des médias, petit journal
gaucho qui soulève des sujets qu’on cherche à cacher (si ça existe encore !),
non-conformistes qui ont le droit d’être ainsi, de vivre leur vie sans être
ennuyés etc. Tout cela est abordé avec intelligence.
J’ai eu un plaisir fou à suivre Yvon et Ludovic, ils sont
plein de ressources, ils ont des idées, sont capables de profiter intelligemment
d’une opportunité. Vraiment un régal ! Jean-Louis Nogaro a su mettre en
place une atmosphère intéressante, bien retranscrite. Il passe d’un lieu à l’autre
sans nous embrouiller et pourtant, les personnages sont nombreux. Tous ont des
caractères bien définis. Les situations sont présentées assez visuellement, j’imaginais
bien chaque scène.
L’écriture de l’auteur est fluide, plaisante, le vocabulaire
choisi est adapté. Du rythme, de l’action, des rebondissements, un contexte qui
donne à réfléchir et une pointe d’humour de temps en temps. Je me suis
particulièrement attachée à Yvon. Il joue au loubard mais il en a sous le
capot, il est loin d’être stupide. Un bad boy comme on les aime.
Le petit côté anarchiste, révolte m’a comblée. C’est particulièrement
bien dosé et bien amené dans le texte. Habitant le coin où se déroule une
partie des événements, je « voyais » nettement les différents lieux
évoqués et c’était encore plus agréable.
Un livre comme je les aime où le fond et la forme sont en
parfaite harmonie ! J’en redemande !
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