"À la gorge" de Max Monnehay

À la gorge
Auteur : Max Monnehay
Éditions : Seuil (9 Février 2024)
ISBN : 978-2021541823
370 pages

Quatrième de couverture

Dans quelques jours, ça fera dix ans qu’Émilien « Milou » Milkovitch a été condamné pour avoir étranglé un jeune couple. Après lui avoir rendu visite, Victor Caranne, psychologue carcéral à la prison de l’île de Ré, se met à douter sérieusement de sa culpabilité. Mais s’il veut l’aider, il va falloir faire vite : le détenu affirme qu’il se suicidera dans une semaine, le jour anniversaire de son incarcération.

Mon avis

C’est le deuxième livre de Max Monnehay que je lis. Cela confirme qu’elle peut jouer dans la cour des grands.

On retrouve les mêmes lieux, La Rochelle, l’île de Ré et les environs. Comme je connais, je visualise ce qu’elle décrit : immeubles, square, statues….c’est très agréable. Victor, psychologue carcéral et Anaïs, jeune fliquette sont présents. Ils sont potes et collaborent sans rien d’officiel. Ce sont des personnages récurrents et au fil des romans, on en sait un peu plus sur eux mais on peut lire chaque titre indépendamment.

Lui, il promène une culpabilité qui le ronge et dont on apprend des bribes. Elle, elle est impulsive, elle a un sens aigu de la justice et se donne pour mission de coincer tous ceux qui font souffrir les autres.  Il lui arrive de se mettre en danger car elle agit dans l’urgence et les collègues ne sont pas forcément assez réactifs à son goût.

Au moment où débute cette nouvelle aventure, Victor a été appelé pour rencontrer Émilien Milkovitch, dit Milou, incarcéré à Saint Martin en Ré. Il a été condamné pour le meurtre de deux jeunes gens. Ce jour-là, il déclare au psy qu’il va mourir bientôt et qu’il n’est pas coupable. Intuition, idée folle ? Il ne sait pas pourquoi mais Victor sent qu’il peut le croire. Il décide alors de solliciter Anaïs et de creuser un peu cette enquête vieille d’une dizaine d’années. Ni l’un, ni l’autre n’imagine(nt) sur quels chemins noirs, tortueux et dangereux ils vont s’engager.

Je disais en préambule que l’auteur confirmait son talent et je le répète. Non seulement son écriture est parfaitement aboutie, mais son intrigue est travaillée. Sans être complexe et compliquée, il y a suffisamment de ramifications, de fausses pistes avec ou sans indices pour que le lecteur se questionne. Si j’avais deviné une toute petite chose, ça ne m’a pas servi pour imaginer qui pouvait être coupable et pourquoi. Et là, Max a fait très très fort ! Elle est capable de relancer le suspense régulièrement avec une information nouvelle que vous n’aviez pas imaginée et que vous prenez en pleine face. C’est presque déstabilisant car tout ce qui semblait évident se trouve remis en question et vous ne savez plus que croire.

Je crois que si j’avais noté au fur et à mesure toutes mes hypothèses, j’aurais bien ri en voyant le résultat. Certains auteurs manipulent celui ou celle qui lit par une phrase, une interprétation, un dialogue, un faisceau de faits exposés d’une certaine façon qui transforment la vérité. Avec Max Monnehay, c’est plus subtil, plus « raffiné » dans l’intention. Elle énonce le déroulé des événements, avec leur lot de rebondissements mais elle comme chaque individu a une part d’ombre, de secrets plus ou moins avouables, on ne sait pas tout. Et c’est en découvrant ces éléments que le texte prend toute sa profondeur. Je suis bluffée !

Le style et le phrasé n’ont pas de fausse note. Des dialogues qui sonnent justes, une approche psychologique des protagonistes bien pensée, des situations bien visuelles (brrr parfois….), des chapitres assez courts (avec la date et l’heure) qui suivent les différentes personnes dans leur quotidien. Je pense que cela pourrait faire un excellent téléfilm !

Un récit comme je les aime, prenant, sans temps mort et bien dosé !

 

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