"Je pleure encore la beauté du monde" de Charlotte Mc Conaghy (Once There Were Wolves)

 

Je pleure encore la beauté du monde (Once There Were Wolves)
Auteur : Charlotte McConaghy
Traduit de l’anglais (Australie) par Marie Chabin
Éditions : Gaïa (7 février 2024)
ISBN : 978-2330186470
370 pages

Quatrième de couverture

La biologiste Inti Flynn mène un programme de réintroduction des loups dans les Highlands écossais, où la présence de l’animal doit permettre de restaurer un écosystème en crise. La jeune femme est rapidement confrontée à l’hostilité des locaux, qui continuent de percevoir le prédateur comme un nuisible et n’hésiteront pas à faire feu pour protéger leur bétail. Quand Inti découvre le cadavre mutilé d’un éleveur, quelques jours après avoir relâché les premières meutes, elle comprend que les coupables sont tout désignés et, pour éviter un bain de sang, elle fait disparaître le corps.

Mon avis

Un titre magnifique, une couverture inspirante, une présentation qui fait envie et un contenu subtil, bien pensé et porteur de sens. Tous les ingrédients d’un coup de cœur.

Inti Flynn est une biologiste australienne, elle est venue, avec son équipe, s’installer en Ecosse, dans le but de réintroduire des loups dans les Higlands afin de rééquilibrer la présence des cerfs (trop nombreux, le loup sera leur prédateur) et ainsi permettre à la forêt de reprendre sa place.

Mais venir avec quatorze loups gris dans ses « bagages », dans un coin où les troupeaux sont nombreux, n’est pas simple. Les habitants lui font vite comprendre qu’au moindre problème, ils n’hésiteront pas à se débarrasser des loups.

Int souffre de synesthésie visuo-tactile, c’est la capacité de ressentir la douleur et les émotions des autres. Elle perçoit les souffrances, les douleurs, de ceux qu’elle côtoie (les loups, les amis, les hommes et les femmes qu’elle rencontrer). Elle peut donc s’évanouir sous le coup de la douleur ou se sentir très très mal. C’est handicapant car ça va plus loin que l’empathie ou le partage.

« Papa me disait souvent que mon don le plus précieux était ma capacité à me glisser dans la peau d’un autre humain. Il me disait que j'étais la seule à pouvoir ressentir ça, la vie d'un autre, l'éprouver vraiment et me balader avec. Il disait que le corps sait un tas de choses et que moi, je possédais ce don miraculeux de ne pas connaître qu'un seul corps. L'incroyable intelligence de la nature. »

Int aime son métier, elle le doit en partie à son père qui l’a emmenée très jeune, avec sa sœur, dans la nature. Mais sa profession la consume. Les liens, qu’elle tisse avec les loups, sont forts, ils ont une place prépondérante dans son quotidien. Elle est prête à tout pour eux. Toute son énergie est tournée vers eux, leur bien-être, quitte à s’oublier elle-même. Elle les trouve beaux, ils font partie de sa vie, de ses fibres -j’irai presque jusqu’à écrire- « maternelles ».

« Quand on parle de préservation, de sauver cette planète, il faut commencer par les prédateurs. Parce que tant qu’on ne les aura pas sauvés eux, on n’aura aucune chance de sauver le reste. »

« Moi, je vois leur puissance subtile, leur patience immense et leur beauté incomparable. »

Le récit oscille entre passé, présent, observations de la meute, questionnements sur des faits bizarres, ressentis exacerbés de Int. On découvre les personnages, les gens qu’elle rencontre, les rapports qu’ils entretiennent. La psychologie, l’approche humaine sont importantes. De nombreux sujets sont abordés, la gémellité, la violence mentale et physique (et les traces indélébiles qu’elle laisse), le besoin de sauvegarder la nature et ceux qui l’habitent etc.

C’est un magnifique texte (bravo à la traductrice) où les mots sont choisis pour exprimer toute une palette visuelle dans les descriptions, sensible dans les émotions. Chaque phrase est sublimée par l’atmosphère qui se dégage de ce roman. On peut parler de thriller écologique mais ce raccourci est bien trop réducteur. Je ne sais pas si on peut mettre cet écrit dans une case, il est tellement complet et bouleversant. Int et son amour des loups sont inoubliables ….


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