"Terre, mange tes morts" de Pascal Alliot

 

Terre, mange tes morts
Auteur : Pascal Alliot
Éditions : Dehache (2 Février 2024)
ISBN : 978-2382310328
230 pages

Quatrième de couverture

" Ce village ne possède ni nom ni toponyme hormis celui de la terre reculée ".
Celui de la dernière chance lui siérait à ravir également. Tant ceux et celles qui s’y réfugient viennent expier leurs enfers privés et s’abandonner aux méandres des paroles sacrées. Plonger dans les abîmes et ne pas remonter. Découvrir les tréfonds d’une génération perdue, laminée, détruite par sa propre candeur et modernité futile. Et donc se trouver accolé à ce bout de terre pour le restant de ses jours et oublier.

Mon avis

Ce roman est un thriller glaçant et noir à l’atmosphère violente (âme sensible s’abstenir) où l’on voit beaucoup de mauvais côtés des hommes, leurs esprits tourmentés, torturés les poussant à commettre l’irréparable.

On découvre une communauté bien particulière, celle des missionnaires désabusés. Des personnes qui se sont regroupées pour racheter leurs fautes ou leur mauvais comportement. Ils vivent coupés de tout dans un lieu paumé au milieu de la lande, sous l’influence d’un gourou qui leur dicte leur conduite.

Pas très loin de ce lieu atypique, une scène insoutenable de mise à mort est découverte. L’auteur en fait une description qui noue les tripes. C’est Sophie Debreuil, capitaine de police depuis peu dans le métier, qui récupère l’enquête. Elle a un parcours hors du commun, on le découvre au fil du récit par petites touches. Ça la rend plutôt attachante de mieux la connaître, rien n’a été vraiment simple pour elle. Elle prend cette affaire avec une grande énergie, prête à s’investir corps et âme, peut-être trop d’ailleurs…

Elle est dans l’obligation de collaborer avec des militaires. Pas facile car ils ne parlent que très peu. Chez eux, c’est la « grande muette » et on évite d’en dire trop, tout reste « en famille ». Il est nécessaire de trouver un terrain d’entente, de s’écouter, voire de collaborer… Attention aux égos et aux susceptibilités.

Pour Sophie et son équipe, les investigations sont douloureuses, ils touchent du doigt la noirceur de l’âme humaine, l’horreur de certains sacrifices. Malgré les visions cauchemardesques, ils doivent avancer et tout faire pour que tout ça cesse, que la confiance et le calme reviennent.

Les faits ne sont pas linéaires, on part, on revient, on plonge dans les méandres du mal. C’est une construction qui correspond bien au contenu. L’écriture est adaptée aux différents propos, à ce qui est présenté. L’auteur me semble plus à l’aise lorsqu’il décrit des scènes obscures, des pensées ésotériques et lorsqu’il exploite les idées d’un esprit pervers. Quand il parle du suivi des recherches, il y a plus de petites répétitions, comme s’il prenait moins de plaisir à rédiger ce genre de paragraphes. Mais je suis persuadée que ça s’affinera dans ses prochains titres.

Ce livre se démarque par l’univers évoqué, son agencement et le style de Pascal Alliot.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire