"Reprendre corps" de Déborah Costes

 

Reprendre corps
Auteur : Déborah Costes
Éditions : Globe (22 Août 2024)
ISBN : 978-2383613053
176 pages

Quatrième de couverture

À vingt et un ans, la maladie contraint Déborah à interrompre ses études. Confrontée à une extrême précarité, elle décide alors de devenir camgirl. Mais très vite, cette activité ne suffit pas pour survivre financièrement. Elle sort de l’écran et devient escort puis dominatrice.

Mon avis

Dire que je suis travailleuse du sexe me dessine un corps.

Déborah Costes a une licence de psychologie mais des problèmes de santé l’ont contrainte à arrêter ses études. Maladies physiques et mentales non reconnues, elle s’est retrouvée sans aide financière. Sa famille n’étant pas en mesure de la soutenir suffisamment, il lui a fallu trouver une solution et vite.

Comme elle le dit elle-même, on ne raconte pas les maux de ventre, les diarrhées qui handicapent, les angoisses qui hantent et empêchent d’être soi, on ne raconte pas la honte, la peur, l’anxiété des fins de mois, on ne raconte pas la solitude face aux problèmes….

Alors, il faut agir, parce qu’il faut vivre, manger, se loger…. Déborah sera camgirl. Une caméra, sa chambre, des dessous affriolants, l’investissement est moindre… Elle ne donne pas son corps, il lui appartient encore. Elle rentre dans un personnage, elle est une autre, elle joue un rôle, des rôles, ceux que lui demandent ses clients et ils paient pour cela.

Difficile de parler de ce métier, que ce soit à la famille ou aux amis. Qui peut comprendre ? Et pourtant, on peut considérer qu’elle est cheffe d’entreprise. Étant son propre patron, elle choisit ses jours, ses horaires et organise son quotidien et ses vacances comme elle le veut.

Ensuite ? Et bien elle continue et « monte » en grade, elle devient escort puis dominatrice. Il faut bien comprendre une chose essentielle lorsqu’on lit ce livre : c’est son choix. Personne ne la force, personne ne l’influence.

Elle a vite compris que pour garder les clients, il ne faut pas se plaindre, pas parler de soi, rester dans ce qui les fait fantasmer, enjoliver la vie. Ils viennent pour se détendre, s’offrir une parenthèse. Eux aussi, c’est leur choix, ils paient pour un service. On pourrait aller jusqu’à écrire que la relation est honnête de part et d’autre. Déborah explique que ça touche tous les milieux, ce sont toujours des personnes consentantes et majeures. Alors ?

Alors qui est-on pour juger ? On peut comprendre ou pas. On peut être d’accord ou pas. On peut crier au scandale, à l’horreur ou pas. On peut lire ou pas….

Mais on doit reconnaître que Déborah a osé mettre des mots sur ce qu’on sait tous, les travailleuses du sexe existent et ont une vie. Elle a pris la plume pour expliquer son parcours, ses décisions, ses difficultés, ses galères. Je ne sais pas si on peut parler du courage d’écrire ce témoignage, de la nécessité d’exprimer tout cela et de le rendre public.

Rédiger ce texte a permis à Déborah de sortir d’elle tout ce qui aurait pu l’étouffer, l’enfermer. Son écriture est brute, sans filtre, les mots sont crus. Je ne pense pas qu’elle veuille choquer, c’est simplement son style, direct, parce qu’elle ne veut plus se cacher, encore moins taire ses activités.

C’est un livre qui remue les tripes, qui bouleverse, et je souhaite, sincèrement, à Déborah d’être heureuse et apaisée dans sa vie.

 


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