Un jour d’avril (Day)
Auteur : Michael Cunningham
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par David Fauquemberg
Éditions : Seuil (19 Août 2024)
ISBN : 9782021547825
324 pages
Quatrième de couverture
5 avril 2019. Dans une maison de Brooklyn, le vernis du
bonheur familial se fissure. Dan et Isabel s’éloignent peu à peu mais trouvent
refuge auprès de Robbie, le jeune frère d’Isabel. Robbie qui habite toujours
dans le grenier et vit par procuration à travers un avatar glamour en ligne. Il
y a aussi Nathan, dix ans, et sa sœur Violet, cinq ans.5 avril 2020. Alors que
le monde est confiné, la maison se transforme en prison. 5 avril 2021. La
famille doit faire face à une nouvelle réalité, très différente.
Mon avis
L’heure incandescente….
5 Avril 2019/2020/2021,
pour le premier, le matin, à l’heure où toutes les espérances sont encore
offertes,
pour le deuxième, l’après-midi aux heures de doute en plein confinement
pour le dernier le soir, à l’heure où le rêve arrive et où chacun peut s’évader
et laisser libre cours à ses pensées.
Trois dates, trois parties.
Les protagonistes sont peu nombreux. Un couple (Dan et Isabel)
et ses enfants (Nathan et Violet), le frère (Robbie) de madame qui vit à l’étage,
en attendant de s’installer seul ou accompagné. Un autre binôme avec le frère
de monsieur qui est le père d’un bébé conçu avec une femme qui ne souhaite pas
vivre avec lui. Gravitant autour d’eux, des copains, des connaissances, le père
de l’épouse.
Et Wolfe qui remplit le quotidien d’Isabel et son frangin. C’est un personnage
créé de toutes pièces, mais qui est là, comme s’il était vivant. Ils le font communiquer
sur Instagram et cela prend beaucoup de leur temps (chaque photo et chaque
commentaire postés sont très réfléchis, précédés quelques fois de discussions).
Des individus ordinaires auxquels l’auteur donnent une place
extra-ordinaire (en deux mots). Ils sont parfois coincés dans leur quotidien qu’ils
assument par procuration, n’osant pas être ce qu’ils ressentent au plus profond
d’eux-mêmes. Et Michael Cunningham, ainsi, nous interroge sur nos propres
désirs : étouffés ou épanouis ?
On découvre les différents membres de la famille. Leurs incertitudes,
leurs peurs, leurs joies, leurs mensonges, leurs non-dits, leurs espoirs, leurs
difficultés à communiquer (malgré de nombreux dialogues) car ils ne veulent pas
blesser l’autre, n’y se tromper dans leurs choix …. Chacun évolue sur la pointe
des pieds mais Robbie apporte un peu de fantaisie. J’ai apprécié Violet qui est
une petite fille prometteuse au regard acéré.
« Quel choc, donc, d’être là et de se rendre compte
qu’une famille, c’est exactement ce que ces gens sont devenus, plus ou moins
involontairement -un genre de conglomérat qui survivra à ses propres ruptures […] »
C’est un récit sur l’intimité, l’intériorité des personnes.
Tout est scruté, analysé, développé au maximum. On observe l’évolution de
chacun. Ce à quoi on s’attache, ce qui devient, au fil du temps, secondaire…
Certains esprits chagrins diront (et je peux le concevoir) qu’il ne se passe
rien, que les échanges verbaux sont trop nombreux …
Pour moi, c’est l’essence même de ce roman. On est au cœur des
ressentis, des pensées secrètes, au plus près de ce qu’on tait parfois par
peur, par maladresse …
Le style et l’écriture (merci au traducteur) sont d’une
infinie délicatesse, offrant un texte profond, tissé avec finesse et doigté.
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