Les bons sentiments
Auteur : Karine Sulpice
Éditions : Liana Levi (6 Février 2025)
ISBN : 979-1034910403
176 pages
Quatrième de couverture
Nuit de Noël. Dans les locaux de l’Association, une prise
d’otage est en cours. Julien, employé de l’organisation caritative, retient
trois de ses collègues sous la menace d’une arme. À l’extérieur, la commandante
Maurane Le Queuvre a écourté sa soirée de réveillon
pour négocier la libération des prisonniers.
Mon avis
Maurane Le Queuvre est commandante de police, elle aime son
métier et sait très bien que, parfois, elle n’a pas le choix, elle doit aller
sur le terrain parce qu’on a besoin d’elle. En cette nuit de Noël, elle est
tranquille chez elle avec son mari et ses filles, le réveillon se passe au
mieux, repas, jeux, sourires et bouderies, tout est conforme à l’habitude dans
une ambiance sereine. Jusqu’à ce qu’elle soit appelée pour bosser. Une prise d’otages,
même pas l’ombre d’une pensée de refus, elle doit foncer et agir au plus vite.
L’obligation ? Négocier afin de libérer les prisonniers, limiter les
dégâts pour l’homme qui tient trois collègues en joue, faire retomber au plus
vite la pression.
Une fois arrivée, elle établit un contact téléphonique avec
Julien, dit Ju. C’est lui, l’employé modèle qui devait assurer la permanence
pour cette soirée du 24 décembre dans l’association caritative où il travaille
depuis quelques années. Il était sur place lorsqu’il a, sans aucun doute, « pété
un câble » en séquestrant ceux avec qui il collabore au quotidien. Qu’est-ce
qui lui est passé par la tête ? Comment peut-on en arriver à de telles extrémités ?
C’est un lien ténu que Maurane tisse avec Ju. Elle sait
faire, c’est son métier, mais la prudence s’impose. Ne pas lâcher la
conversation, ne pas être trop inquisitrice mais s’intéresser quand même,
trouver le juste équilibre. Obtenir des réponses, comprendre, faire avancer la
situation vers une résolution mettant le moins de monde en danger. Ju déverse,
se confie, se raconte ….
Dehors, devant les locaux de cet organisme, les badauds
traînent dont une femme avec sa petite fille. On se demande bien si elles n’auraient
pas mieux à faire que de rester là, au froid. D’ailleurs un policier leur
conseille de rentrer et elles se dirigent vers l’immeuble voisin. Il s’avère
que cette personne est une de celles qui sont aidées par ce groupe. Elle doit
connaître Ju mais on ne lui demande rien à part de retourner à son domicile, au
chaud. On sent malgré tout, de la détresse chez elle.
Les gens sont sur un fil, tout peut vriller en pensées ou en
actes, d’un coup. Si c’est en actes, c’est beaucoup plus dangereux bien
entendu. Karine Sulpice montre dans son roman les fragilités humaines, les non-dits
par omission, qui font plus de mal que de bien. On croit protéger quelqu’un en
ne disant pas tout et c’est le contraire qui se passe… Mais ça part d’un bon
sentiment, n’est-ce pas ?
Ah les bons sentiments ! Met-on tous les mêmes
ressentis derrière cette expression ? Ils sont censés nous porter, nous
aider à faire de « bonnes actions », à bien nous comporter avec les
autres … Comme un code de conduite… Mais ce n’est pas ça la vraie vie. Ce sont
des rencontres qui soutiennent, d’autres qui détruisent, qui bouleversent, qui
posent question, qui mettent mal à l’aise ou au contraire qui permettent de s’épanouir…
En nous présentant différents points de vue, l’auteur décrit
les émotions et les réflexions de chacun, leur cheminement au cours de cette
longue nuit mais également ce qui les a amenés ici et maintenant. Son écriture
est précise, elle explore les caractères, tout ce qui fait que les situations s’enchaînent
d’une façon et pas d’une autre. C’est bien pensé.
Ce livre fait moins de deux-cents pages mais il est très
profond. Les personnalités sont fouillées, décortiquées pour qu’on cerne le
pourquoi de l’évolution des faits. Je l’ai lu d’une traite et je l’ai trouvé
particulièrement réussi !
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