Gymnopédie pour une disparue
Auteur : Ahmed Tiab
Éditions : de l’Aube (5 Janvier 2017)
ISBN : 978-2-8159-2030-8
280 pages
Quatrième de couverture
Boris Sieger est un employé de mairie attaché à sa vie
ordinaire. Parfois, il passe la nuit avec le fils de sa vieille concierge.
C’est à peu près tout ce qui constitue sa vie sociale jusqu’au jour où il
croise Oussama, dit Oussa – c’est plus facile à porter –, un atypique jeune de
banlieue parisienne. Boris se découvre grâce à lui un possible frère… parti
faire le djihad. Son existence suscite en Boris de nombreuses questions, à
commencer par la plus douloureuse : où est-elle passée, cette mère qui l’a abandonné
quand il n’était qu’un enfant ? Où est-elle, cette disparue de Honfleur, la
ville d’Erik Satie, dont les Gymnopédies semblent rythmer toute cette
intrigue ?
Mon avis
La mère de Boris l’a confié lorsqu’il avait huit ans à une
amie, Rose, militante féministe. Elle n’est jamais revenue et Boris a grandi
sans elle. A peine adulte, il se retrouve totalement seul, et héritier de
l’appartement de Rose. Il n’a jamais changé la décoration, reçoit de temps à
autre un homme ou une femme…. Il travaille dans une petite mairie et ne semble
guère ambitieux mais pour autant ne donne pas l’impression d’être malheureux….
Un soir, un jeune homme, Oussama, sonne à sa porte. Il lui
montre une photo qu’il a reçu d’un copain, parti en Syrie comme djihadiste.
Lui, il pratique mais ne s’est pas converti au djihad. Il garde malgré tout des
contacts avec ses potes et c’est comme ça que sur un des mms, il y a …. le
sosie de Boris !!! Ce dernier est troublé, et pas qu’un peu et il ne sait pas
comment réagir…. Ni que dire ni que faire…. Réflexion faite, le lien avec «
l’homme sur la photo » pourrait bien être sa mère… Il a du temps, il n’a pas de
gros projets alors pourquoi pas une enquête ? C’est peut-être l’occasion de
mettre un peu de piment dans sa vie. Le voilà parti sur les traces de sa
génitrice….Tout cela va l’entraîner bien plus loin qu’il le pensait et le passé
va se dévoiler petit à petit à lui. Il fera des rencontres surprenantes et
partira pour un long voyage… Est-ce qu’au bout, il se connaîtra mieux ? Est-ce
qu’il comprendra les choix de sa mère ? Est-ce qu’il saura qui est cet homme
qui lui ressemble tant ?
En parallèle, on suit Kémal , chef de police à Oran (c’est
un personnage récurrent de l’auteur). On le retrouve avec sa mère qui n’a pas
sa langue dans sa poche et qui écoute de la musique (c’est tout un poème !),
son amoureuse (va-t-il se décider à franchir le pas et l’épouser ?) et ses
collègues. Il essaie d’élucider plusieurs meurtres dont la mise en scène est
assez bizarre et qui lui paraissent reliés par un fil conducteur qu’il
s’efforce de cerner. Il a l’appui d’un médecin légiste astucieux et à l’esprit
affuté qui l’aide au quotidien.
Il y a quatre parties bien distinctes et seule la dernière
nous permettra d’assembler les morceaux de ce gigantesque puzzle. C’est avec
habileté, intelligence et surtout beaucoup de cœur qu’Ahmed Tiab aborde
différents sujets. Que ce soit la quête éperdue de Boris en recherche de son
histoire personnelle, ou la mutation politique de la société algérienne ainsi
que le mal-être des jeunes qui s’engagent pour le djihad ; tout est traité avec
doigté. Ça et là, l’auteur glisse une pointe d’humour. Son écriture est fluide,
son style intéressant car au delà des faits évoqués, des tâtonnements des uns
et des autres, il parle de sujets graves . Et il le fait avec clairvoyance et
lucidité en les intégrant parfaitement à son intrigue
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